Lola lit Ce que je sais de toi

Tarek a une dizaine d’années quand son père lui demande si plus tard il choisira le métier d’avocat ou de médecin. L’enfant choisit médecin, comme son père. Adulte, Tarek a donc suivi le chemin tracé par son paternel, il est devenu médecin et pratique dans le cabinet familial cairote. Un soir par semaine, il se rend dans un dispensaire du Moqattam, un quartier défavorisé. C’est là qu’il va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie. Ali se présente pour sa mère malade. Une amitié nait entre le médecin, le jeune garçon et sa mère. Mais l’amitié se transforme en amour, ravageant tout sur son passage.

Je ne partage pas l’engouement quasi unanime pour ce roman. L’écriture est certes très agréable mais je me suis ennuyée durant la première partie que j’ai trouvée longue, longue. Curieuse, je voulais savoir qui était celui ou celle qui se cachait derrière ce TU utilisé pour raconter l’histoire, alors je n’ai pas abandonné. La deuxième partie du roman est bien plus intéressante, le rythme s’accélère et l’histoire s’enrichit. Un avis mitigé donc : je suis passée à côté de cette pépite 🤔


Ce que je sais de toi / Eric Chacour – Editions Philippe Rey – août 2023 – 296p

Lola lit Vous ne connaissez rien de moi ♥

Le 16 aout 1944, à 3 jours de son anniversaire, Simone 23 ans est traînée dans les rues de Chartres par les FFI. Comme d’autres femmes, Simone sera humiliée, frappée, tondue et marquée au fer rouge parce qu’elle est tombée amoureuse d’un allemand. L’autrice a imaginé la vie de cette jeune femme immortalisée par le reporter-photographe hongrois Robert Capa (1913-1954) le cliché a fait le tour du monde. Simone est une jeune femme fascinée par la puissance de l’Allemagne nazie. Comme d’autres français à l’époque, Simone est persuadée que la France va se redresser grâce à son occupant. Elle a des rêves de grandeur, de liberté et veut fuir sa famille bancale entre une mère alcoolique, un père lâche et une grande sœur craintive. Simone adore la langue allemande qu’elle étudie au lycée et profite de ses connaissances pour trouver un travail de traductrice. Son engagement, ses amitiés après de l’ennemi valent à la famille la haine des voisins.

J’ai trouvé très intéressant de voir cette partie de l’Histoire du point de vue de cette jeune femme. Evidemment on la condamne pour sa légèreté et son égoïsme mais elle est adolescente au début de l’histoire, et on comprend qu’elle ait envie que la guerre se termine, de manger à sa faim, de retrouver un peu de gaieté et de liberté. Difficile de la juger, son attachement à Otto est sincère, elle veut juste aimer et être aimée. Au fil des chapitres, c’est Otto, l’officier allemand qui lui ouvre les yeux sur l’ignominie du nazisme. Un excellent premier roman ! ♥


Vous ne connaissez rien de moi / Julie Héraclès – Editions JC Lattès – aout 2023 – 384p

Lola lit Le chien des étoiles ♥♥♥

Le Chien des étoiles par Rouchon-BorieGio rentre dans son camp après un long séjour à l’hôpital à la suite d’une blessure sérieuse à la tête. Depuis son retour, Gio est différent, il a approché en rêve un monde inconnu, loin de la violence des gitans. Alors après que son clan est décimé lors d’un règlement de compte, Gio décide de fuir pour échapper à la cruauté du monde. Il entraîne Dolorès une ado échangée en paiement d’une dette, et Papillon un gamin orphelin qui ne s’exprime que par gestes, dans sa fuite pour un avenir qu’on espère plein de promesses. Leur errance les conduit dans un quartier louche où la violence les rattrape.

Un roman noir, sombre, sauvage où poignent la douceur et l’innocence. L’écriture de l’auteur est pleine de poésie et les personnages sont attachants. Une histoire triste à mourir, mais lumineuse à vous écorcher le cœur comme son précédent roman Le démon de la colline aux loups ♥♥♥


Le chien des étoiles / Dimitri Rouchon-Borie – Editions Le Tripode – aout 2023 – 240p

 

Lola lit Journal d’un scénario

Boris jubile ! Le célèbre producteur Jean Chabloz a adoré son scénario Les servitudes silencieuses, et lui promet qu’ils vont faire un beau film. Boris décide alors de commencer un journal, d’y noter tout ce qui touche à ce prochain succès annoncé. Il voit déjà l’affiche, Louis Garrel et Mélanie Thierry en couple star, du noir et blanc, de la poésie, des références cinématographiques pointues et des dialogues écrits. Quelques jours plus tard lors d’une soirée chez son copain Yann, Boris rencontre Aurélie, prof de cinéma, passionnée et pétillante. Lorsque Boris lui parle de son projet de film Aurélie est conquise. Boris exulte, tout va bien, c’est son heure ! Mais il va vite déchanter car son projet va subir quelques changements déconcertants sous la houlette de « Laurel et Hardy », deux producteurs de M6.

C’est drôle, intelligent, plein de références cinéma abordables. Entre pages du journal, dialogues réinterprétés, textos échangés par Boris et Aurélie, mails des producteurs, propositions d’affiches de Jujulafrite, et programme d’un festival de cinéma, je me suis régalée ! Même si j’ai trouvé la fin un peu attendue. Troisième roman de l’auteur lu et apprécié après Samourai et Broadway


Journal d’un scénario / Fabrice Caro – Editions Gallimard col. Sygne – aout 2023 – 208p

 

Lola lit l’enragé ♥♥♥

Avec un nom pareil, pas étonnant qu’il ait fini à Belle-Ile en mer ! Jules Bonneau homonyme du bandit anarchiste et sa célèbre bande n’est pourtant pas un criminel. Abandonné par sa mère à 5 ans, malaimé par ses grands-parents auxquels son père alcoolique l’a confié, Jules vole 3 oeufs parce qu’il a faim. A 13 ans, il est arrêté pour complicité d’incendie, sa famille ne souhaitant pas le récupérer, il est envoyé dans la colonie pénitentiaire maritime et agricole Haute Boulogne de Belle Ile en mer jusqu’à sa majorité. La vocation de ses maisons est de « redresser » les enfants par le travail mais la violence des humiliations, des coups et des punitions s’abat quotidiennement sur les enfants dont les plus jeunes ont tout juste 12 ans. Jules rebaptisé la Teigne, encaisse et rêve d’évasion mais « l’océan c’est [leur] gardien le plus cruel. Celui qui [les] surveille, qui [les] épargne ou qui [les] assassine. » et il y a peu d’espoir. Pourtant un soir d’août de 1934, les enfants se rebellent et 56 d’entre eux s’évadent. Une chasse à l’enfant est organisée sur l’île et 20 francs sont promis pour chaque enfant ramené à la police. Sorj Chalandon profite de cette mutinerie, qui rendit célèbre la colonie de Belle Ile, pour rendre sa liberté à Jules.

Lu en une nuit avec la rage au ventre et l’espoir au cœur. L’auteur, cet homme engagé, a mis toute l’humanité dans ce roman : du pire au meilleur de l’Homme. Sorj Chalandon écrit avec ses tripes, son cœur et sa tête pour nous livrer un roman vibrant de vérité. J’ai aimé ♥ J’avais aimé aussi Le quatrième mur


L’enragé / Sorj Chalandon – Editions Grasset – août 2023 – 416 p.

Lola lit Sauvage

Un beau portrait de femme que nous livre une fois encore Julia Kerninon. Après Liv Maria que j’avais beaucoup beaucoup aimé, me voilà avec une nouvelle meilleure amie. Ottavia Selvaggio est une jeune fille déterminée, audacieuse, indépendante, passionnée et libre. Son père tient la meilleure trattoria d’un quartier de Rome et souhaiterait la laisser à sa fille, mais Ottavia a un autre projet : faire la cuisine dans un restaurant oui ! Mais ce sera dans le sien où elle décidera seule ce qu’elle servira à ses clients. Son caractère bien trempé ne lui rendra pas que des services mais c’est une femme libre qui entend tracer sa route comme elle veut au détriment, sans doute, de sa vie familiale. Difficile d’être épouse et mère quand on travaille durement 20 heures par jour !

Ottavia entend mener une vie qu’elle a choisi malgré les difficultés et c’est bon de lire ça, ça met du vent dans les cheveux ! Bien sûr elle se taille la part du lion mais les hommes du roman ne sont pas oubliés, Cassio, Bensch et Clem ne sont pas des personnages secondaires, ils existent, sont  aimables. Quel plaisir de retrouver la plume de Julia Kerninon, j’ai eu envie de rire et de pleurer aussi au côté d’Ottavia ♥


Sauvage / Julia Kerninon – éditions L’Iconoclaste – aout 2023 – 300p

Lola lit La chambre des diablesses ♥

L’affaire des poisons est une série de scandales impliquant des empoisonnements survenus entre 1679 et 1682, sous le règne de Louis XIV, et qui secouèrent Paris et la Cour. Plusieurs personnalités éminentes de l’aristocratie furent impliquées, et ces affaires installèrent un climat hystérique de « chasse aux sorcières » et aux empoisonneuses, nous informe wikipedia.  442 accusés de commerce de sorcellerie, des condamnations plus ou moins grave allant de la peine de mort au blâme en passant par la torture, les galères, le bannissement, le fouet et l’amende honorable (certains ne manquaient ni d’imagination ni de cruauté).

L’autrice nous prévient, pas d’invraisemblances dans son roman, même les situations les plus folles sont exactes. L’histoire commence le 22 février 1680, en Place de Grève où le peuple s’est amassé, malgré l’heure matinale, pour voir brûler, parmi 34 autres condamnés, Catherine Monvoisin née Deshayes et dite La Voisin, accusée de sorcellerie et de toutes sortes d’autres horreurs.

En 384 pages, l’autrice nous raconte comme cette femme est passée d’accoucheuse à serial killer, sans état d’âme, appâtée par le gain. Catherine Monvoisin a avoué lors de son interrogatoire avoir brûlé dans son four et enterré dans son jardin les corps de 2500 enfants, enlevés dans les rues de Paris puis éviscérés pour servir à ses potions d’empoisonneuse. Car elle en a empoisonné des gens la Voisin ! Des maris, des maîtresses et des amants, des rivaux et rivales, des parents, tous gênant pour celui ou celle qui venait en toute discrétion acheter à prix d’or des potions létales. Elle a reçu, conseillé et satisfait jusqu’aux plus proches du Roi. Madame de Montespan, la favorite qui ne supportait pas les infidélités du Roi en aurait usé et abusé, jusqu’à participer à des messes noires organisées par la Voisin et ses complices, où des nourrissons étaient sacrifiés. Elle n’a pas été dénoncée par la sorcière mais par Marie-Marguerite, la fille de celle-ci qui de son cachot écrit à La Reynie, chef de la police du Roi bien décidé à faire le ménage dans Paris. Dans ces billets, imaginés par l’autrice, la jeune femme essaie de sauver sa peau en livrant les secrets de sa mère.

L’autrice a su recréer l’atmosphère du Paris de cette époque, suffocante et dangereuse. Chacun craignait d’être empoisonné en mangeant, en s’habillant, en utilisant son mouchoir ou les objets de la vie quotidienne… Un peu de poudre respirée ou juste touchée et hop, on mourait dans des souffrances abominables. Chacun se débarrassait de l’encombrant(e) grâce à une petite potion de la Voisin. Chaque mort devenait suspecte et chaque personne suspectée. Une vraie psychose qui fait froid dans le dos ! Brrrr!

Un roman passionnant et terrifiant !


La chambre des diablesses / Isabelle Duquesnoy – Editions Robert Laffont – février 2023 – 384 pages

Lola lit J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort

La narratrice Rosalie a 8 ans, elle habite Saint Lunaire, en Bretagne. Ses parents sont cool, son meilleur ami s’appelle Simon, elle aime le ping-pong, ses animaux et son grand-père. Rosalie est rigolote, elle aime rire et faire rire. Et puis un jour, elle va moins bien, s’angoisse, doute, et s’enlise dans la dépression. Ses parents s’inquiètent et l’emmènent voir un psy mais c’est la moustache de Jean Rochefort qui lui pousse sous le nez qui va réconcilier Rosalie avec la vie.

Un drôle de roman, plein de surprises et de poésie. Il se trouve que j’adore Jean Rochefort alors cette lecture a été l’occasion pour moi de faire des petites recherches, de (re)voir des interviews, lire des articles… J’ai donc passé un très agréable moment de lecture avec ce court roman agréablement écrit. Une autrice à suivre !


J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort / Adèle Fugère – Editions Buchet-Chastel – aout 2023 – 144p

Lola lit Trois femmes disparaissent

Tippi Hedren, Melanie Griffith, Dakota Johnson ; une grand-mère, une mère, une fille ; trois générations d’actrices hollywoodiennes, manipulées, maltraitées, violentées. La narratrice enquête sur la disparition de ces 3 femmes, elle s’interroge sur le fait même de disparaitre quand on est exposé, à ce point, aux regard des autres. Malédiction familiale, reproduction, hasard ? L’enquêtrice analyse la vie de ses trois femmes, chaque détail alimente sa réflexion, elle emprunte des chemins sinueux et vertigineux, s’appuie sur les Mémoires de Tippi Hedren. Où l’on apprend que certaines des scènes les plus violentes des oiseaux ont été tournées avec des oiseaux vivants que Hitchcock a fait remplacer au dernier moment (dans un souci de vraisemblance ou de vengeance ?)

Tippi Hedren est repérée par Hitchcock alors qu’elle est mannequin. Le cinéaste exerce alors un contrôle total sur sa vie, du choix de son prénom à ses sorties en passant par ses tenues vestimentaires et ses menus, et la fait espionner. Puisqu’elle refuse ses avances, Hitchcock est odieux et menace de mettre fin à sa carrière. La fille de Tippi, Melanie Griffith est attaquée au visage par un lion en 1981 sur le tournage de Roar, un film de Noël Marshall le mari violent et tyrannique de sa mère. En 2005, sa fille Dakota Johnson tourne dans Cinquante nuances de Grey, l’histoire d’une relation sadomaso, elle se retrouve à son tour à la merci d’hommes peu scrupuleux.

Une lecture un peu difficile pour moi, tant par le contenu que par la forme ; l’autrice m’a souvent perdue et je n’ai pas réussi à me passionner pour cette enquête.


Trois femmes disparaissent / Hélène Frappat – Editions Actes Sud – janvier 2023 – 192p