Lola lit On ne se baigne pas dans la Loire

Ils sont un petit groupe d’adolescents il y a un Gus, Tof, Farid, Pierre, Arnaud et les autres, en colo au bord de la Loire. Ils sont encadrés par Benoît le directeur et Pauline, une animatrice qui a presque le même âge qu’eux. La veille du départ, il fait chaud, chacun est excité, énervé, troublé par la fin du séjour. Les ados, malgré les hésitations des moniteurs, décident de se baigner dans la Loire pour se rafraîchir. Et c’est le drame, car on ne se baigne pas dans la Loire, tout le monde le sait.

J’ai été troublée par ce roman, déstabilisée par l’écriture, ses phrases sans sujet, ses coupes étonnantes, et puis je n’ai pas bien saisi l’intérêt du fétichisme de Benoit qui n’est pas développé et n’apporte rien à mon avis à l’histoire, à part un léger malaise. Et enfin, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages. Pourtant j’ai aimé l’atmosphère de ce roman qui porte une part de mystère. Cette lecture m’a laissée perplexe… 

L’auteur s’est inspiré d’un fait divers à Juigné sur Loire, en 1969, où un groupe de jeunes enfants de 11 à 17 ans s’était noyé dans les mêmes conditions. Après cinquante années de silence, une commémoration a eu lieu en 2019. Symboliquement, 19 roses blanches ont été jetées dans la Loire pour les 19 victimes.


On ne se baigne pas dans la Loire / Guillaume Nail – Editions Denoël – janvier 2023 – 160p

 

Lola lit Dans la forêt des larmes

Choisi pour sa si jolie couverture ♥ je ne connaissais ni l’histoire, ni l’autrice.

On suit en parallèle mais à quelques années d’écart, les histoires de Ellis, jeune maman de 3 enfants qui en voulant faire une surprise à son mari le surprend embrassant sa prof de tennis. Sous le choc, elle se réfugie dans la forêt avec ses enfants River et Jasper, les jumeaux de 4 ans et Viola son bébé de quelques mois. Mais tout le monde s’énerve au moment de remonter en voiture pour une histoire de têtards et Ellis se rend compte après quelques km que Viola n’est pas dans son siège auto, elle l’a oubliée sur le parking où elle s’est volatilisée. 

De son côté Raven est une fillette élevée par sa maman à l’abri du monde, dans le culte des esprits de la forêt. Interdite de sorties, de contacts avec l’extérieur, elle vit isolée dans une superbe propriété protégée par des caméras de sécurité et des alarmes anti intrusion, pas de télé, pas de radio et internet ne sert qu’à passer des commandes. Seule la visite annuelle de Sondra sa tante et d’une amie médecin est autorisée. Raven vit en sécurité entourée de nature et ne manquant de rien. 

Jusque là tout va bien. Mais à partir d’un moment, je vous préviens, il va falloir sortir les mouchoirs ! Moi, je me suis laissée porter par les émotions et j’ai pleuré comme une madeleine. Parce que tant qu’elle est petite, Raven est heureuse avec sa maman mais en grandissant, elle a envie de découvrir le monde, et sa rencontre avec trois garçonnets dans la forêt va bouleverser sa vie. Quant à Ellis, très rapidement, elle comprend que sa vie d’avant n’est plus possible, rongée par la culpabilité, incapable de surmonter le drame, elle part, laissant derrière elle ses jumeaux.

Un roman à l’intrigue bien ficelée, aux personnages riches, à la nature bienveillante et protectrice. Les (trop) nombreux rebondissements, quelques invraisemblances et une fin (trop) happy ne nuisent en rien ce très agréable moment de lecture. Vous avez dit feel good ? 😉


Dans la forêt des larmes / Glendy Vanderah – Editions Charleston – aout 2023 – 586p

traduit de l’anglais USA par Laura Bourgeois 

Lola lit Les insolents

Margot, Jacques et Alex sont d’inséparables amis, quadra parisiens, artistes un peu blasés. Seuls ou mal accouplés, hétéro, bi ou homo, ils mènent, en apparence, une vie légère alourdie pourtant des affres d’un passé tourmenté. Et puis Alex, pianiste, guitariste, reconnue dans le milieu de la musique de films notamment, décide de quitter le bruit de Paris, elle a besoin de calme pour se recentrer, elle a besoin d’être « ailleurs et seule ». Alors lorsqu’elle loue, sur annonce, sans l’avoir visitée, une maison en pleine campagne pas très loin des plages bretonnes, ses amis s’interrogent.  Alex va-t-elle supporter l’ennui ? Leur trio va-t-il résister à la distance ?

J’ai beaucoup aimé ce roman très intimiste, qui interroge sur l’âge, la solitude, nos choix. Le besoin soudain d’Alex de se retirer de sa vie parisienne, de cette liberté dont certains rêvent : liberté de sortir, d’aimer, de boire avec ses amis (se droguer aussi mais ça j’aime moins), dans un esprit un peu punk et tout ça dans le milieu artistique du Marais, fait d’elle un personnage touchant. On espère qu’elle va tenir le coup, aller au bout de sa quête car on se doute bien que ce n’est pas juste le calme et le silence qu’Alex recherche, sinon il lui suffisait de s’éloigner un peu de Paris (la banlieue offre de jolis écrins entre champs et forêts 😉 La narration alterne entre l’installation et la nouvelle vie d’Alex, celles de Margot et Jacques restés à Paris et des interludes de Léo, un jeune garçon secrètement amoureux d’Alex, et des retours dans le passé pour chacun. Une autrice que je découvre française, prolifique et double d’Alex ♥ Et cette somptueuse couverture !


Les insolents / Ann Scott – Editions Calmann Levy – aout 2023 – 280p

Lola lit Les amants du Lutetia

Couverture du livre Les Amants du LutetiaUn jour de novembre 2013, le couple Cazes s’est suicidé. Georgette et Bernard, 86 ans, ont été retrouvés allongés main dans la main, sur le lit d’une chambre de l’hôtel Lutetia à Paris. Ils sont mort étouffés, la tête enfermée dans un sac plastique, pour dénoncer l’interdiction par la France de laisser les citoyens décider de leur mort, d’être assisté en cela et de « sereinement quitter la vie » dans un lieu symbolique de la Seconde Guerre Mondiale.

Emilie Frèche renomme les amants du Lutétia et en fait des publicitaires très influents des années 80. Ezra et Maud ont formé un couple fusionnel, ils ont voyagé autour du monde, participé et organisé des fêtes grandioses, rempli leur appartement et leur maison de pièces d’artistes, ont rencontré les plus grands. Ils ont eu une voie foisonnante, ils étaient riches et libres, ont célébré la vie, lourds d’un passé noir qui les a laissés orphelins mais ensemble pour toujours. Le 1er septembre 2018 jour de la rentrée, Eléonore, la narratrice et fille unique de ce couple inséparable, apprend le suicide de ses parents. Elle va mettre 384pages à décider si elle va signer les papiers de succession et ainsi leur pardonner leur mort, et leur vie aussi car Eléonore a souffert de ne jamais avoir été au centre de leur petite famille, elle a manqué d’amour et n’a jamais trouvé sa place entre ce père et cette mère plus  préoccupés de leur couple que de leur petite fille née par accident. Simon, le fils unique de Eléonore s’oppose à sa mère, il n’a que de merveilleux souvenirs de ses grands-parents, il a passé ses plus beaux étés à la Bulle leur fantastique maison ovoïde dessinée par Jacques Couëlle, au bord de la Méditerranée, et trouve leur geste si admirable qu’il crée un compte instagram Les Amants du Lutetia qui très vite atteint un nombre vertigineux de followers. Eléonore se sent perdue, elle cherche de l’aide auprès d’un psy conseillé par son très proche ex-mari.

Un roman réussi parce qu’on balance entre réalité et fiction, j’ai vraiment eu l’impression de lire une autobiographie, tous les éléments de cette époque sont là, l’histoire est vraisemblable et touchante. 384p pour dire le drame de perdre ses parents, par suicide qui plus est. Je remercie l’auteure d’avoir définitivement levé mes doutes quant à certains faits, dans une note au lecteur.


Les amants du Lutetia / Emilie Frèche – Editions Albin Michel – aout 2023 – 384p

Lola lit Une belle vie

 Elles sont sœurs : l’aînée Emma et Agathe la petite. Au décès de leur grand-mère adorée Mima, elles se retrouvent dans sa maison une semaine avant que les nouveaux propriétaires n’emménagent. Ça faisait 5 ans qu’elles ne s’étaient pas vues, elles vont vivre dans cette citadelle de leur enfance, pour notre plus grand bonheur de lecteur, une semaine d’émotions, de souvenirs, de questions et de réponses, de règlement de compte et de déclarations d’amour entre rire et larmes.

J’adore les histoires de fratrie. Les frères, les sœurs qui se battent, se déchirent, se disent des horreurs mais qui font bloc devant l’ennemi et lâchent tout immédiatement les uns pour les autres, ces romans me bouleversent. Je ne suis pas lectrice de feel good ou plutôt les livres qui me font du bien n’entrent pas dans ce genre-là mais un de temps en temps quand il est bien écrit (et que je suis dans une période kleenex) je suis partante et celui-ci, je l’ai lu dans la nuit coincée entre Emma et Agathe, des étoiles dans le cœur et les larmes aux yeux.
Un coup de cœur ❤️


Une belle vie / Virginie Grimaldi – Editions Flammarion – mai 2023 – 384p

Cette jolie couverture est celle du collector, sorti le 1er novembre 2023

Lola lit La course des dindes ♥

La longue marche des dindes (BD) par BischoffMissouri été 1860 – Simon est un jeune garçon qui vit chez son oncle depuis le décès de sa mère et le départ de son père. C’est un petit garçon souvent moqué par tous, son oncle et ses cousins, ses copains de classe… Et même si ses résultats scolaires sont mauvais, Simon adore son institutrice. Mais un jour, elle lui annonce qu’elle lui octroie son diplôme et qu’il peut partir, voler de ses propres ailes. Le petit garçon n’est pas très heureux de cette nouvelle car il se demande bien ce qu’il va pouvoir faire, mais son institutrice a confiance en lui, tout va bien se passer. En rentrant à la maison, Simon croise le fermier qui râle car il a trop de dindes et ça lui coûte trop cher en nourriture, il voudrait les vendre mais personne n’en veut. Alors une idée pointe dans le cerveau de Simon ; puisque les dindes ne se vendent pas sur place, il suffit de les emmener là où les gens les achèteront. Il rentre chez lui avec un grand projet il va acheter les dindes du fermier et les transporter jusqu’à Denver où, il l’a appris à l’école, il y a beaucoup de gens qui ont faim. Evidemment son institutrice trouve son idée excellente et s’associe à son projet. Simon part donc pour une aventure de plus de 1000km avec une mule, une vieille cariole, un muletier, le chien Emmet. En chemin, ils vont se faire de nouveaux amis mais croiser aussi des très méchants. 

Une bande dessinée, pleine de tendresse et de douceur. Les personnages sont très attachants, les illustrations jolies, les couleurs tendres, et l’histoire est intéressante. Pour les petits et les grands ♥


La longue marche des dindes / Léonie Bischoff et Kathleen Karr – Editions Rue de sèvres – septembre 2022 – 144p

Une bd adaptée du roman jeunesse éponyme de Kathleen Karr sorti en 1999 à L’école des loisirs. J’ai très envie de lire le roman !

Lola lit La danseuse

La danseuse par ModianoLire Modiano, c’est flâner dans les rues de Paris, s’y perdre, faire des rencontres, s’attabler dans un café avec l’un de ses personnages et regarder passer les gens à travers la vitre légèrement embuée. Lire Modiano, c’est faire une pause, prendre le temps, écouter respirer le monde et ses habitants, se perdre dans les souvenirs, arpenter le passé. Lire Modiano, c’est un bonheur que je ne partage pas, je le garde pour moi, je le lis en secret, sans bruit. Lire Modiano, c’est tellement intime, il faut être dans la retenue, respirer doucement et apprécier chaque mot, chaque silence.

La danseuse, c’est Modiano et j’adore tout simplement ♥


La danseuse / Patrick Modiano – Editions Gallimard – octobre 2023 – 112p

Lola lit Par la force des choses

Par la force des choses par NortonLisa a fait un mariage de raison et a eu Céleste, un unique enfant. Un jour, lors d’un spectacle de l’école, elle croise le regard d’un homme qu’elle reconnait immédiatement. Le 12 juillet 1998 alors que la France entière fêtait la victoire de son équipe de foot, Lisa a vécu un moment inoubliable, une nuit magique, perchée sur un abribus avec un inconnu. Séparés par la foule au petit matin, ignorant tout l’un de l’autre, ils ne s’étaient jamais revus jusqu’à ce spectacle. Cette fois, le hasard pousse Lisa et Victor dans les bras l’un de l’autre et leur amour est passionnel, il va bousculer et bouleverser leur vie et celle de leurs familles. On parle d’amour qui balaye tout sur son passage, de certains choix qui se font par la force des choses, dictés par la morale, les contraintes, enfants, familles, boulots… L’amour, certains lui sacrifient tout, d’autres le sacrifient. 552 pages de passion, d’attente, d’impatience, de lutte, de choix, de sacrifices, de douleur, de déceptions… que je n’ai pas réussi à partager avec les personnages. Peut-être que cette passion ne méritait pas autant de sacrifices finalement. Ce n’est pas mon roman préféré de Claire Norton, ça avait pourtant plutôt bien commencé…


Par la force des choses / Claire Norton – Editions Robert Laffont – septembre 2023 – 552p

Lola lit L’enfant dans le taxi

L’enfant dans le taxi est adolescent et il a parcouru plus de 1000 km pour aller à la rencontre de son père qu’il ne connait pas. M est un enfant illégitime, un bâtard, né des amours de Malusci le grand père du narrateur et d’une jeune allemande en 1945. Bien des années plus tard, lors de l’enterrement de son grand-père, Simon apprend l’existence de cet oncle caché et veut aller à sa rencontre malgré la promesse faite à sa grand-mère d’abandonner immédiatement ses recherches.

Dans ce roman, pas de grands cris, ni de scènes, pas de reproches ni de rancœur et malgré le silence qui entoure l’existence de M. Simon se trouve des alliés qui ont connu et reconnu l’enfant, l’ont accueillis et sont restés en contact. Du lac de Constance au sud de la France en passant par l’Algérie, Simon mène l’enquête.

Un roman élégant et plein de pudeur ; Simon est parcouru d’émotions évidemment comme dans tant de secrets familiaux, surtout qu’il est tout juste séparé de son épouse qu’il continue d’aimer, mais ses émotions sont discrètes et toute en retenue comme l’écriture. Une histoire inspirée de celle de l’auteur qui explore une situation peu exposée : en Allemagne, après 45, « des centaines de milliers d’enfants nés de viols ou d’amours lors des invasions, des occupations et des captivités, sont laissés pour compte ». En France, les « enfants blonds » ou « enfants de boche », nés dans les mêmes circonstances mais de mères françaises et de soldats allemands sous l’occupation entre 40 et 44, sont estimés à plusieurs dizaines de milliers. Il existe des associations où Simon aurait pu trouver de l’aide.


L’enfant dans le taxi / Sylvain Prudhomme – Editions de minuit – aout 2023 – 224p

 

 

 

Lola lit Les dés ♥

Début des années 1900 – Istanbul.
Ziya est le cadet d’une fratrie de 3 garçons. L’aîné, Arif Bey est un caïd redouté et son petit frère l’admire. Mais un jour, Arif est assassiné par un albanais d’un clan ennemi. Hakkî, le benjamin doit sauver l’honneur et venger son frère, mais il ne peut se résoudre à risquer sa vie. Alors le jour du procès, Ziya, en rage, abat de sang-froid l’assassin de son frère. Trop jeune pour être pendu, il n’a que 16 ans, il est emprisonné à perpétuité. Après une année difficile qui endurcit encore son caractère, Ziya qui ne craint plus rien, ni personne, s’évade de prison grâce à des complicités politiques. Le jeune homme est caché en Egypte où il vit libre mais reclus dans une cabane sur le domaine d’un Pacha (dont j’ai oublié le nom). Le médecin dudit Pacha vit sur place avec sa fille Nora, une jeune fille qui trouble Ziya, et lui entrouvre un monde de douceur. Mais le jeune garçon n’est que rage et violence, le sentiment d’amour lui est étranger et il a du mal à comprendre ses émotions qu’il refoule. Un jour Nora doit rentrer en France et Ziya, de détresse, s’enivre toute la nuit et rate le départ de celle qui comptait tant pour lui. Bientôt la vie se rappelle à Ziya qui doit retourner à Istanbul et prendre la place de caïd laissée par Arif. Ziya est un personnage sombre, dur, qui ne craint pas la mort, ni la sienne, ni celles des autres. La violence qui l’habite et qu’il essaie pourtant de contenir est si puissante, qu’elle fait de lui un homme redoutable et redouté.
L’auteur autopsie son personnage, et nous fait pénétrer dans la psyché tourmentée de Ziya avec une écriture ciselée, sans superflu. 208 pages intenses, maitrisées et néanmoins abordables : la noirceur est dans le personnage pas dans l’écriture.
J’ai beaucoup aimé ♥


Les dés / Ahmet Altan – Editions Actes Sud – octobre 2023 – 208p 

traduit par Julien Lapeyre de Cabanes