Lola lit Les âmes féroces

26 avril 2017 – Mercy petite ville des États-Unis
C’est le printemps et Léo est morte. Son corps a été retrouvé sur la rive du fleuve, gisant au milieu des iris sauvages. Léo était une adolescente réservée, sans problème qui vivait seule avec son père depuis que sa mère était partie. Lauren la shérif est chargée de l’enquête et c’est aussi elle qui ouvre le roman. Puis vient Benjamin Chapman l’arrogant prof de français au passé trouble, suivi par Emma la meilleure et jalouse amie de Léo, et enfin Seth le père anéanti de la défunte.
4 chapitres, 4 saisons, 4 personnes proches de Léo. Chacun se raconte et parle de sa relation avec Léo. Chacun dévoile ses secrets, des secrets qui s’entrecroisent, se chevauchent, s’emmêlent jusqu’au dénouement. Nous ne saurons pas comment la shérif arrive jusqu’au coupable, l’autrice ne nous explique rien de l’enquête (une fin totalement imprévisible pour moi, je n’ai rien vu venir du tout).
Un roman polyphonique parfaitement orchestré. Chaque personnage est riche et l’histoire, très bien menée, nous tient en haleine. Après le succès en 2022 de Blizzard (que j’avais lu et aimé), ce deuxième roman confirme le talent littéraire de l’autrice.

Les âmes féroces / Marie Vingtras – Editions de l’Olivier – aout 2024 – 272p

Lola lit le beau parleur

Le beau parleur, c’est Vicente Voga surnommé Cent. Aventurier, voyageur au long cours, Vicente est adoré par son petit frère Pedro. Depuis le départ de leurs parents, c’est José l’autre grand frère qui s’occupe de Pedro et des petites jumelles Ana et Ava. Cette fois encore, Vicente rentre sans prévenir, des cadeaux plein son sac et des histoires plein la bouche. Mais ce retour-là va marquer la vie de chacun !

Dès le lendemain de son arrivée, Cent disparaît en volant le bateau de leur frère José. Pedro ne peut pas y croire, il ne veut pas y croire, il ne comprend pas, il y a sûrement une explication. Il part tout seul à la recherche de son frère, ce qu’il va découvrir va le terrifier et le faire grandir. A la fin de la bande dessinée, Pedro n’est plus le petit garçon admiratif, les yeux écarquillés, le sourire collé aux lèvres devant Vicente : ses rêves d’enfants ont été foulés aux pieds, son enfance est partie. Il a dû prendre des décisions, faire face à des dangers, il a été courageux et responsable, c’est lui maintenant le vrai aventurier !

Une bande dessinée attendrissante sur les relations entre deux frères. J’ai beaucoup aimé le trait, les illustrations, les couleurs, (un peu moins le texte) et surtout le personnage de ce petit garçon qui en 204 pages va vivre de grandes aventures.


Le beau parleur / Teresa Radice (texte) et Stefano Turconi (dessin) – Editions Glenat – janvier 2024 – 208p

Lola lit Tout le bleu du ciel en BD

Pour commencer, j’ai lu le roman de Mélissa Da Costa quand il est sorti en 2019, j’avais conclu mon avis par  ♥ Un super premier roman d’une toute jeune auteure à suivre ♥ Je ne m’étais pas trompée, même si moi finalement je ne l’ai pas suivie absorbée par d’autres aventures littéraires,  après Les lendemains, j’ai arrêté. Cette BD ne me faisait pas envie, le choix des couleurs criardes et le trait noir épais n’allaient pas du tout avec ce que mon imaginaire avait construit en lisant le roman. Et puis je me suis laissé convaincre par une copine qui m’a assuré que j’oublierai vite que l’illustration ne me plaisait pas. Bilan : non, je n’ai pas réussi à oublier ! J’ai retrouvé l’histoire, mais pas les émotions, pas la beauté des endroits traversés par Emile et Joanne ; il manque la couleur de la terre, de la pierre, de la nature et surtout les nuances de bleu du ciel. Lorsque certains des plus beaux villages de France s’étalent en double page en rose, jaune ou violet, ça ne donne pas du tout envie de les visiter, alors que le roman m’avait convaincue de partir sur les traces des personnages. Bon bah pour moi, c’est raté !


Tout le bleu du ciel / Carbone (texte) et Juliette Bertaudière (dessins) – Editions Albin Michel – aout 2024 – 256p

 

Lola lit Djibril et Prisca

Deux adolescents, deux histoires, un même lycée.

Un diptyque lié par les personnages.

Sous la forme de journaux intimes illustrés par des œuvres d’art.

Quelques mois dans leur vie.

 

Djibril, père camerounais et mère bretonne, s’adresse à Souley, son frère aîné, il partage son quotidien, lui raconte sa vie au lycée, avec les copains, avec les filles. Il lui confie ses difficultés, lui parle du silence et de la douleur à la maison depuis son départ.

Au même moment, Prisca commence à écrire le jour de ses 16 ans. Elle aussi partage son quotidien, le corps qui change et le regard des autres sur son corps qui change. Les amitiés, les amours, la vie au lycée et en famille.

Environ 70 pages chacun, deux courts romans qui sonnent juste, qui touchent. L’écriture est fluide et agréable, elle se fait discrète pour aborder les passages les plus délicats. Les deux livres se complètent parfaitement même s’ils peuvent être lus indépendamment. Une jolie découverte !


Prisca – Djibril / Emilie Chazeran – Editions L’Elan Vert – 2023 – 70 pages chacun

Lola lit L’extase

Leyla se veut libre mais s’enchaîne aux convenances, à ce que les autres (parents, famille, binationaux, compatriotes…) attendent d’elle. Alcool, drogue, sexe, elle écume les fêtes parisiennes avec ses amis loin des contraintes imposées par sa culture et sa religion arabo-musulmanes familiales. Ah si ses parents savaient ce que fait leur petite fille chérie ! Elle hésite entre s’en foutre royalement et s’en vouloir intimement. Elle oscille entre enfer et paradis, joie et souffrance, culpabilité et provocation. Ecartelée, à la recherche du bonheur, de la jouissance, mais jamais satisfaite.
Un texte sauvage, libre, âpre et engagé. Les mots se bousculent, bataillent, se fraient un chemin parfois brutal parfois poétique pour décrire une journée de Leyla, fille d’immigrés tunisiens, née en banlieue parisienne.

L’extase/Monia Aljalis – Editions du Seuil – aout 2024 – 192p

Monia Aljali a écrit un recueil de poésies et créé Le Boeuf  Monstre, « une scène ouverte parisienne qui a pour objectif de mêler les pratiques artistiques avec, en leur centre, la poésie. »

Lola lit La vie ou presque

Paul et Simon sont frères. Ils s’aiment autant qu’ils se détestent, s’envient et se jalousent. Paul se sent écrasé par la réussite de son aîné à qui tout réussi. Il en gardera une rancœur qui provoquera, toute leur vie, crises de jalousies, conflits, trahisons, petites et grandes bassesses. Ado épris de littérature ils s’étaient promis de devenir écrivains, de se soutenir, de s’aider à être heureux. A ce beau projet s’était invité l’éblouissante Idoya, la rebelle dont la rencontre les avait ravis. Tous les trois seraient de grands auteurs aux multiples prix. Ils s’imaginent déjà parisiens, débattant chacun de leur dernier roman sur les plateaux de télé, en couverture de Télérama. Mais le succès en décidera autrement, ne se montrera pas ou tardivement ou discrètement et pas aux trois. Le Goncourt secrètement mais unanimement brigué, sera reçu par l’un seulement et les honneurs ne seront pas équitablement partagés. Le trio va passer sa vie à se déchirer entre pages écrites ou abandonnées, livres édités, oubliés, grands textes ou mauvais romans.
Une super surprise ! Un roman que j’ai reçu de l’éditeur sans rien en connaître, ni le sujet, ni l’auteur dont c’est pourtant le 14ième livre. Je me suis lancée avec prudence et je ne l’ai plus lâché. L’écriture est très agréable, les chapitres consacrés à chacun des 3 personnages se succèdent chronologiquement depuis les années 90 jusqu’en 2073. Une histoire de fratrie, d’amitiés dans le milieu de l’écriture, on est plongés dans les affres de la création littéraire. Un coup de cœur ♥


La vie ou presque / Xabi Molia – Editions du Seuil – aout 2024 – 240p

Lola lit Le courage des innocents

Dans ce nouveau roman de Veronique Olmi, il est encore question d’enfants, des enfants qu’on place et de ceux qu’on déplace sans leur demander leur avis. Les enfants arrachés à leur famille dysfonctionnelle, dangereuse ou dans l’incapacité de s’occuper d’eux. Comme Jimmy, qui a été placé dans un foyer parce que son père alcoolique récidiviste a encore manqué à ses devoirs paternels. Lorsque Ben son demi-frère de 20 ans apprend la nouvelle, il décide d’aller récupérer son frère qu’il n’a pas vu depuis quelques années. Les batailles il connaît, lui qui se bat pour la planète. Mais en arrivant sur place c’est une autre réalité qu’il rencontre et qui va le mener à consacrer sa vie aux enfants jusqu’à le mener en Ukraine, en pleine guerre.

Un roman qui secoue, qui bouleverse. Le sort des enfants abandonnés par les parents ou par le système est insoutenable. Ben est le vecteur qui nous mène à leur innocence, à leur souffrance. Un roman qui fait évidemment écho à l’actualité, à cette guerre si proche de nous et que l’on regarde de loin car elle est monstrueuse. Tout comme nous avait horrifiés celle de des pays yougoslaves qui avait ravagé un partie de l’Europe dans les années 90. Et le courage qu’il faut à ces Hommes pour traverser les guerres, vivre, survivre, aider ou fuir. Un roman qui m’a particulièrement touché ♥


Le courage des innocents / Véronique Olmi – Editions Albin Michel – aout 2024 – 288p

Lola lit La Petite Bonne

La Petite Bonne tire son lourd chariot dans les rues de la ville au petit matin, elle fait le tour des familles qui lui confient la propreté de leur foyer. Consciencieuse et fiable, ses patrons sont contents d’elle. D’ailleurs Alexandrine Daniel lui demande de passer plus de temps chez eux. Pendant ses absences, elle devra s’occuper de Blaise, le mari rentré de la Grande Guerre détruit, gueule cassée et membres amputés, cloué dans son fauteuil qu’il ne quitte que pour la nuit. Les cauchemars de Blaise ne sont pas fait de souvenirs de guerre, de tranchées et de compagnons déchiquetés par les bombes mais de son ancienne vie de pianiste, de la scène et du public. Il faudra le nourrir, le laver, le coucher, le surveiller, lui tenir compagnie. Il faudra surtout lutter contre le dégoût, la pitié, l’angoisse. Mais la petite bonne est habituée au courage. Les débuts sont difficiles, Blaise lui fait une demande incroyable qu’elle, qui a pourtant aussi tant souffert, ne peut accepter. Au fil des pages, et des absences d’Alexandrine, un dialogue fait de regards, de gestes, de musique puis de mots s’installent entre eux.

Un roman extrêmement touchant, un huis clos intime, poignant entre ces personnages, Alexandrine et sa culpabilité n’étant jamais loin. Et puis la forme est une réussite ! Un harmonieux mélange de prose et de vers libres, poétique, lumineux. Un puissant coup de cœur ♥


La Petite Bonne / Bérénice Pichat – Editions Les avrils – aout 2024 – 272p

Lola lit Les hommes manquent de courage

Dans ce nouveau livre de Mathieu Palain, on passe une nuit avec Jessie et son fils Marco. Marco a 15 ans, il ne fait que des conneries et sa mère, prof de maths dans son lycée, ne sait plus comment faire pour lui éviter les problèmes. Ce soir-là, Jessie passe une soirée abominable chez ses beaux-parents, soirée pendant laquelle Jalil son boulet de mari et père de la petite Nora, lui annonce qu’il veut divorcer. Alors quand Marco, qui n’est pas rentré depuis 3 jours, appelle sa mère à 23h44, Jessie fonce, il s’est passé quelque chose de grave. Ils vont rouler toute la nuit, parler, se confier, se comprendre, se (re)trouver. Jessie victime de viol, de harcèlement dans sa jeunesse et de violences conjugales, s’est construite avec cette violence qu’elle a cachée ; à l’époque #MeToo n’existe pas, la parole des femmes n’a pas encore été libérée. Jessie aime son fils mais elle va pousser Jade, sa petite amie à parler.

Jessie existe mais porte un autre prénom. Mathieu Palain l’a rencontrée un jour de pluie, elle l’avait contacté par les réseaux, elle avait des choses à raconter. Elle serait le personnage de son prochain livre.

Un roman touchant, qui aborde bon nombre de thèmes qui tournent autour de la femme, de la mère, de la fille. Jessie est une femme courageuse, d’un courage ordinaire qui lui fait supporter, comme tant d’autres, le quotidien et son lot de difficultés, de problèmes et de drames et aussi pallier le manque de courage des hommes. Un très beau portrait de femme ! J’ai aimé me glisser dans la voiture et partager cette nuit avec Jessie et Marco ♥


Les hommes manquent de courage / Mathieu Palain – L’Iconoclaste – aout 2024 – 288p