Lola lit Djibril et Prisca

Deux adolescents, deux histoires, un même lycée.

Un diptyque lié par les personnages.

Sous la forme de journaux intimes illustrés par des œuvres d’art.

Quelques mois dans leur vie.

 

Djibril, père camerounais et mère bretonne, s’adresse à Souley, son frère aîné, il partage son quotidien, lui raconte sa vie au lycée, avec les copains, avec les filles. Il lui confie ses difficultés, lui parle du silence et de la douleur à la maison depuis son départ.

Au même moment, Prisca commence à écrire le jour de ses 16 ans. Elle aussi partage son quotidien, le corps qui change et le regard des autres sur son corps qui change. Les amitiés, les amours, la vie au lycée et en famille.

Environ 70 pages chacun, deux courts romans qui sonnent juste, qui touchent. L’écriture est fluide et agréable, elle se fait discrète pour aborder les passages les plus délicats. Les deux livres se complètent parfaitement même s’ils peuvent être lus indépendamment. Une jolie découverte !


Prisca – Djibril / Emilie Chazeran – Editions L’Elan Vert – 2023 – 70 pages chacun

Lola lit L’extase

Leyla se veut libre mais s’enchaîne aux convenances, à ce que les autres (parents, famille, binationaux, compatriotes…) attendent d’elle. Alcool, drogue, sexe, elle écume les fêtes parisiennes avec ses amis loin des contraintes imposées par sa culture et sa religion arabo-musulmanes familiales. Ah si ses parents savaient ce que fait leur petite fille chérie ! Elle hésite entre s’en foutre royalement et s’en vouloir intimement. Elle oscille entre enfer et paradis, joie et souffrance, culpabilité et provocation. Ecartelée, à la recherche du bonheur, de la jouissance, mais jamais satisfaite.
Un texte sauvage, libre, âpre et engagé. Les mots se bousculent, bataillent, se fraient un chemin parfois brutal parfois poétique pour décrire une journée de Leyla, fille d’immigrés tunisiens, née en banlieue parisienne.

L’extase/Monia Aljalis – Editions du Seuil – aout 2024 – 192p

Monia Aljali a écrit un recueil de poésies et créé Le Boeuf  Monstre, « une scène ouverte parisienne qui a pour objectif de mêler les pratiques artistiques avec, en leur centre, la poésie. »

Lola lit La vie ou presque

Paul et Simon sont frères. Ils s’aiment autant qu’ils se détestent, s’envient et se jalousent. Paul se sent écrasé par la réussite de son aîné à qui tout réussi. Il en gardera une rancœur qui provoquera, toute leur vie, crises de jalousies, conflits, trahisons, petites et grandes bassesses. Ado épris de littérature ils s’étaient promis de devenir écrivains, de se soutenir, de s’aider à être heureux. A ce beau projet s’était invité l’éblouissante Idoya, la rebelle dont la rencontre les avait ravis. Tous les trois seraient de grands auteurs aux multiples prix. Ils s’imaginent déjà parisiens, débattant chacun de leur dernier roman sur les plateaux de télé, en couverture de Télérama. Mais le succès en décidera autrement, ne se montrera pas ou tardivement ou discrètement et pas aux trois. Le Goncourt secrètement mais unanimement brigué, sera reçu par l’un seulement et les honneurs ne seront pas équitablement partagés. Le trio va passer sa vie à se déchirer entre pages écrites ou abandonnées, livres édités, oubliés, grands textes ou mauvais romans.
Une super surprise ! Un roman que j’ai reçu de l’éditeur sans rien en connaître, ni le sujet, ni l’auteur dont c’est pourtant le 14ième livre. Je me suis lancée avec prudence et je ne l’ai plus lâché. L’écriture est très agréable, les chapitres consacrés à chacun des 3 personnages se succèdent chronologiquement depuis les années 90 jusqu’en 2073. Une histoire de fratrie, d’amitiés dans le milieu de l’écriture, on est plongés dans les affres de la création littéraire. Un coup de cœur ♥


La vie ou presque / Xabi Molia – Editions du Seuil – aout 2024 – 240p

Lola lit Le courage des innocents

Dans ce nouveau roman de Veronique Olmi, il est encore question d’enfants, des enfants qu’on place et de ceux qu’on déplace sans leur demander leur avis. Les enfants arrachés à leur famille dysfonctionnelle, dangereuse ou dans l’incapacité de s’occuper d’eux. Comme Jimmy, qui a été placé dans un foyer parce que son père alcoolique récidiviste a encore manqué à ses devoirs paternels. Lorsque Ben son demi-frère de 20 ans apprend la nouvelle, il décide d’aller récupérer son frère qu’il n’a pas vu depuis quelques années. Les batailles il connaît, lui qui se bat pour la planète. Mais en arrivant sur place c’est une autre réalité qu’il rencontre et qui va le mener à consacrer sa vie aux enfants jusqu’à le mener en Ukraine, en pleine guerre.

Un roman qui secoue, qui bouleverse. Le sort des enfants abandonnés par les parents ou par le système est insoutenable. Ben est le vecteur qui nous mène à leur innocence, à leur souffrance. Un roman qui fait évidemment écho à l’actualité, à cette guerre si proche de nous et que l’on regarde de loin car elle est monstrueuse. Tout comme nous avait horrifiés celle de des pays yougoslaves qui avait ravagé un partie de l’Europe dans les années 90. Et le courage qu’il faut à ces Hommes pour traverser les guerres, vivre, survivre, aider ou fuir. Un roman qui m’a particulièrement touché ♥


Le courage des innocents / Véronique Olmi – Editions Albin Michel – aout 2024 – 288p

Lola lit La Petite Bonne

La Petite Bonne tire son lourd chariot dans les rues de la ville au petit matin, elle fait le tour des familles qui lui confient la propreté de leur foyer. Consciencieuse et fiable, ses patrons sont contents d’elle. D’ailleurs Alexandrine Daniel lui demande de passer plus de temps chez eux. Pendant ses absences, elle devra s’occuper de Blaise, le mari rentré de la Grande Guerre détruit, gueule cassée et membres amputés, cloué dans son fauteuil qu’il ne quitte que pour la nuit. Les cauchemars de Blaise ne sont pas fait de souvenirs de guerre, de tranchées et de compagnons déchiquetés par les bombes mais de son ancienne vie de pianiste, de la scène et du public. Il faudra le nourrir, le laver, le coucher, le surveiller, lui tenir compagnie. Il faudra surtout lutter contre le dégoût, la pitié, l’angoisse. Mais la petite bonne est habituée au courage. Les débuts sont difficiles, Blaise lui fait une demande incroyable qu’elle, qui a pourtant aussi tant souffert, ne peut accepter. Au fil des pages, et des absences d’Alexandrine, un dialogue fait de regards, de gestes, de musique puis de mots s’installent entre eux.

Un roman extrêmement touchant, un huis clos intime, poignant entre ces personnages, Alexandrine et sa culpabilité n’étant jamais loin. Et puis la forme est une réussite ! Un harmonieux mélange de prose et de vers libres, poétique, lumineux. Un puissant coup de cœur ♥


La Petite Bonne / Bérénice Pichat – Editions Les avrils – aout 2024 – 272p

Lola lit Les hommes manquent de courage

Dans ce nouveau livre de Mathieu Palain, on passe une nuit avec Jessie et son fils Marco. Marco a 15 ans, il ne fait que des conneries et sa mère, prof de maths dans son lycée, ne sait plus comment faire pour lui éviter les problèmes. Ce soir-là, Jessie passe une soirée abominable chez ses beaux-parents, soirée pendant laquelle Jalil son boulet de mari et père de la petite Nora, lui annonce qu’il veut divorcer. Alors quand Marco, qui n’est pas rentré depuis 3 jours, appelle sa mère à 23h44, Jessie fonce, il s’est passé quelque chose de grave. Ils vont rouler toute la nuit, parler, se confier, se comprendre, se (re)trouver. Jessie victime de viol, de harcèlement dans sa jeunesse et de violences conjugales, s’est construite avec cette violence qu’elle a cachée ; à l’époque #MeToo n’existe pas, la parole des femmes n’a pas encore été libérée. Jessie aime son fils mais elle va pousser Jade, sa petite amie à parler.

Jessie existe mais porte un autre prénom. Mathieu Palain l’a rencontrée un jour de pluie, elle l’avait contacté par les réseaux, elle avait des choses à raconter. Elle serait le personnage de son prochain livre.

Un roman touchant, qui aborde bon nombre de thèmes qui tournent autour de la femme, de la mère, de la fille. Jessie est une femme courageuse, d’un courage ordinaire qui lui fait supporter, comme tant d’autres, le quotidien et son lot de difficultés, de problèmes et de drames et aussi pallier le manque de courage des hommes. Un très beau portrait de femme ! J’ai aimé me glisser dans la voiture et partager cette nuit avec Jessie et Marco ♥


Les hommes manquent de courage / Mathieu Palain – L’Iconoclaste – aout 2024 – 288p

Lola lit C’est quoi l’amour ?

Qu’est-ce que l’amour se demande Minimoni. Elle a entendu dire plein de choses sur l’amour sans réussir vraiment à comprendre exactement. Au fil des pages, Minimoni découvre que l’amour rend aveugle, qu’il déplace des montagnes, qu’il met des papillons dans le ventre…

Quel bel album lumineux ! Le trait est doux, les couleurs pleines de tendresse. Une lecture qui fait vraiment du bien, qui rend joyeux. Il n’est pas toujours utile de grands mots ou de longues démonstrations pour expliquer l’amour, moi comme Minimoni, j’ai tout simplement bien compris ♥


C’est quoi l’amour ? /Rocio Bonilla – Editions Père Fouettard – avril 2024 – 40p

Lola lit Le dernier vol

Ils s’appellent Juana, Roberto, Ana, Mark et Leya et ils s’apprêtent à embarquer sur le vol 4U9525 de Germanwings qui relie Barcelone à Düsseldorf ce 24 mars 2015 à 9h, avec les autres passagers et les membres d’équipage. On vit leur dernière soirée, on apprend les raisons de leur voyage, un voyage très important pour chacun d’eux ; Juana emmène sa fille revoir son père et discuter des termes de sa garde, Roberto et ana espèrent donner une seconde chance à leur histoire sur les traces de leur premier baiser 5 ans plus tôt, Mark va fêter les 50 ans de son père qu’il n’a pas vu depuis la maladie de sa mère et Leya qui pensait ne plus revivre l’amour va se jeter dans les bras de son amant. Certains des personnages de cette bande dessinée s’en sortiront parce qu’au dernier moment, ils ne monteront pas dans cet Airbus. Tous les autres périront lorsque le copilote Andreas Lubitz, profondément dépressif et suicidaire, précipitera cet avion contre une montagne du massif des Trois Evêchés dans les Alpes du Sud. Il n’y aura aucun survivant !

Une BD bouleversante car elle ne parle pas du drame mais simplement des gens. De ce qu’ils ont vécu juste avant, de leurs hésitations, de leurs doutes, de leur peur, de leur bonheur aussi. Et leur vie bascule à la toute fin de la bande dessinée, sans qu’on s’y attende vraiment. Insérer dans les vies des personnages,  quelques pages sombres et sans texte où le copilote se prépare. J’ai repris ces pages quand j’ai terminé ma lecture et elles m’ont glacée.

Un bel hommage aux disparus ♥


Le dernier vol / Lorenzo Coltellacci et Davide Aurilia  – Editions Steinkismars 2024 – 144p

Traduction de Marie Giudicelli

Lola lit Garçons manqués ♥

Malcolm et Charlie sont les deux gamins, personnages principaux et uniques de cette BD géniale. Au fil des pages, des vignettes, ils brossent un portrait de notre société, abordent des sujets importants avec naïveté et esprit. Malcolm refuse d’être mis dans la case « garçon », il entend assumer sa part de féminité. Charlie ne veut pas être une fille ; elle a choisi son prénom mixte, aime le foot, sauter partout et déteste son père quand il l’oblige à porter une jupe. Ils vont devoir vivre ensemble pendant une année, le temps d’une courte relation entre leur parent, relation qu’on voit se dégrader au fil des saisons.

J’ai adoré cette BD qui a tout bon : les personnages, les couleurs, les textes… tout est très chouette !

C’est un tome 1 ? Alors vivement le 2 ♥ Merci à Babelio pour cette découverte !


Garçons manqués / James – Fluide Glacial – mars 2024 – 56 pages

Lola lit Camille va aux anniversaires

Camille va aux anniversaires m’a replongée dans certains souvenirs de jeunesse : le maître nageur qui m’ordonne de me jeter dans le grand bain sans me boucher le nez et qui m’assomme avec la longue perche que je suis censée attraper alors que j’ai les yeux qui se ferment sous la brûlure du chlore, j’ai vécu ! J’avais des douleurs abdominales 3 jours avant les jours de piscine en CE1. J’ai réécouté les chansons de Michel Jonasz que j’adore, ressorti mon pull Beneton, revu Marie Myriam gagner l’Eurovision et Laura Ingalls dévaler la colline sous l’oeil attendri de ses merveilleux parents, et d’autres petites choses encore. Ce sont ces détails qui m’ont plu dans ce roman ainsi que les références culturelles et les réflexions assez justes de Camille sur les réseaux sociaux, leurs utilisateurs, et le petit monde de Bianca, mais je ne me suis pas attachée aux personnages ; Camille a de l’humour et de l’esprit mais elle n’est pas « vivante », elle ne m’a pas provoqué d’émotions.

Petit résumé rapide : Camille, expat à Copenhague, vient de se faire larguer par son mari amoureux d’une danoise. Après 6 mois à déprimer dans son bel appartement que lui a gentiment laissé Laurent, Camille accepte la proposition de son meilleur copain d’enfance Christophe d’organiser un anniversaire surprise à sa femme Bianca.
C’est donc à contrecoeur et à contre courant que Camille se lance mollement dans les préparatifs, de Paris d’abord et de Bretagne ensuite où elle est accueillie chez André, le père de Bianca. D’abord, créer un compte instagram mais quel nom lui donner ? Et qui inviter ? Et c’est parti pour Camille qui s’invente wedding planner. Il est question d’amitié dans ce roman et what else ?

Merci Babelio et Les Avrils pour cet envoi.


Camille va aux anniversaires / Isabelle Boissard – Editions Les Avrils – avril 2024 – 247p