Harry Perdrien a publié un premier roman, L’aube noire, salué par la critique, plébiscité par les lecteurs. Alors tout le monde attendait le deuxième, mais cinq ans après l’auteur, pris dans le tourbillon du succès, n’avait toujours pas réussi à trouver les bons mots pour écrire une nouvelle histoire. Il décide alors de quitter le monde et ses sollicitations, pour se réfugier dans cette vieille ferme perdue, achetée sur un coup de tête et sur photos, sise au lieu dit Le Bélier. Il voulait prendre de la distance, se retrouver, il voulait goûter la solitude et se confronter à la nature.
Caleb, le voisin de la ferme était un homme ombrageux, vivant terré, sans contact avec les autres. Il avait des dons transmis par feue sa mère : « enlever le feu, guérir les mammites, faire disparaitre les verrues, trouver de l’eau et un tas d’autres choses tout aussi utiles ». Caleb savait guérir mais il refusait d’aider les hommes car sa mère l’avait toujours mis en garde, le mal venait des autres, il fallait les fuir.
Dans une atmosphère tendue, oppressante et inquiétante, où la nature prend beaucoup de place, on attend, on craint tout en l’espérant la rencontre entre ces deux hommes, entre leurs deux mondes, celui des mots et celui du silence, de l’enfermement et de la tolérance, de l’ombre et de la lumière. Tout un programme que l’auteur orchestre d’une main de maître ! ♥♥♥
L’homme peuplé / Franck Bouysse – Editions Albin Michel – aout 2022 – 320p