« Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. » Marguerite Duras offre à Marie Darrieussecq le titre de ce treizième roman. Je n’en ai lu qu’un, son premier à sa sortie en 96, « Truismes » qui m’avait obsédée, je l’avais trouvé tellement étrange et dérangeant que je ne me suis plus jamais approchée d’un roman de Marie Darrieussecq. Mais je vais m’y refrotter, j’ai envie après avoir lu celui-ci.
Elle, actrice française coqueluche d’Hollywood tombe amoureuse lors d’une soirée chez Georges (Clooney, who else ?), d’un homme magnifique. Il est acteur, grand, beau et africain. Elle le dévore des yeux, elle le désire, elle est amoureuse, elle voudrait qu’il la regarde, qu’il la remarque, qu’il l’aime. Il est libre, épris de liberté et surtout, passionné par la réalisation de son premier film, l’adaptation de la nouvelle de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres (à lire ici) qui »relate le voyage de Charles Marlow, un jeune officier de marine marchande britannique, qui remonte le cours d’un fleuve au cœur de l’Afrique noire. […] Le périple se présente comme un lent éloignement de la civilisation et de l’humanité vers les aspects les plus sauvages et les plus primitifs de l’homme, à travers à la fois l’enfoncement dans une nature impénétrable et potentiellement menaçante ». Ce projet l’accapare, il a peu de temps pour elle, vient, repart, disparaît puis refait surface, sûr de lui, sûr qu’elle sera là, à l’attendre. Elle rêve d’obtenir un rôle dans son film, il finit par le lui offrir. Mais qu’obtiendra-t-elle de plus ? L’amour entre un noir et une blanche est-il possible ? Lui donnera-t-il son cœur ?
Ce que raconte ce roman m’a conquise, la fragilité de Solange, l’engagement de Kouhouesso, l’atmosphère un peu étouffante de l’Afrique… mais l’écriture de Marie Darrieussecq me gêne. Trop moderne peut-être, tourmentée, désordonnée, syncopée, chaotique. J’apprécie la prose harmonieuse, les phrases joliment tournées, élégantes, structurées, voire complexes 😛 Mais non je ne suis pas réac ! Enfin je ne crois pas… Ou en littérature seulement. Je confesse que mon livre de chevet est Mme Bovary et que je me régale des détails des descriptions interminables. En général, j’aime que l’écriture me permette d’accéder à un imaginaire sans m’incommoder, sans être trop présente, trop pesante. C’est rapé avec Marie Darrieussecq, sa façon d’écrire prend beaucoup de place, heureusement l’histoire m’a accrochée et je l’ai dévorée.
http://www.lesinrocks.com/2010/01/09/actualite/marie-darrieussecq-laccusation-de-plagiat-est-une-mise-a-mort-1134747/
http://www.lexpress.fr/culture/livre/marie-darrieussecq-l-ecriture-pour-toujours_805010.html
http://www.lemonde.fr/livres/article/2013/11/12/marie-darrieussecq-recoit-le-prix-medicis-pour-il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes_3512383_3260.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20131112.AFP1776/le-prix-medicis-a-marie-darrieussecq-pour-il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes.html
http://www.franceinter.fr/emission-le-masque-et-la-plume-5-livres-sous-loeil-de-nos-critiques
http://videos.lexpress.fr/culture/livre/video-faut-il-lire-il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes-de-marie-darrieussecq_1291106.html