Elle est arrivée au village alors qu’elle était nourrisson, dans les bras d’un cavalier inconnu qui a surgi d’un nuage de poussière et déposé l’enfant par terre sur le sol au pieds du chef et sa tribu rassemblée. Elle aurait dû périr là sous leurs yeux indifférents, elle n’a cessé d’hurler de faim, de chaud et de chaud mais Mamambala s’est avancée, l’a prise dans ses bras, l’a mise à son sein et l’a nommée Salina car son visage était baigné du sel de ses larmes.
La petite fille a grandi au village, très proche de Kano, le second fils du chef. Mais c’est à Saro, l’aînée qu’elle a été mariée et c’est son fils qu’elle a porté et haï. Pourtant Salina avait supplié Khaya, la femme du chef, de lui donner Kano mais celle-ci l’avait toisée, et humiliée devant la tribu. Alors lorsque la guerre a emporté Saro, Salina a espéré puisqu’une veuve doit épouser son beau frère, et a attendu son dû. Mais une fois de plus, Khaya s’est opposée à son bonheur, l’a accusée d’avoir tué Saro et l’a châtiée. Salina a été condamnée à l’exil. Elle a erré et engendré un second fils, auquel elle a enseigné la colère et la vengeance. Les 2 frères ont combattu et l’un est mort, vaincu par le vent. L’autre n’a pas voulu survivre. Et Salina s’est retrouvée seule une fois de plus. Alors elle a décidé de retourner au village où elle a été accueillie avec des pierres et des crachats. Kano était devenu roi après la mort de son père et Akila sa femme, lui avait donné un fils. C’est par ces 2 femmes que reviendra la paix, et c’est Akila qui apportera à Salina son troisième fils et son troisième exil.
L’histoire est contée, aux portes du Cimetière, par Muluka, le troisième fils, qui souhaite que Salina enfin repose en paix.
Un roman magnifique ! Puissant, poétique, émouvant évidemment. Un conte africain écrit comme une tragédie grecque. Laurent Gaudé écrit décidément merveilleusement bien ♥
Salina/Laurent Gaudé – Actes Sud 2018 – 03/10/18 – 160p