Magnifique lecture ! J’avais découvert et particulièrement aimé « Tangente vers l’est » de Maylis de Kérangal, elle me bouleverse avec « Réparer les vivants ».
Simon, 19 ans, est victime d’un accident de la route alors qu’il rentre d’une session de surf avec ses amis. Les 2 autres s’en tirent, mais Simon, lui, a moins de chance, il n’avait pas bouclé sa ceinture. Comas profond, celui dont on ne revient pas ; le cœur de Simon bat mais son cerveau est mort. Pierre Révol, le médecin de garde doit annoncer l’inconcevable à Sean et Marianne, les parents de Simon. Penchés sur son corps allongé sur un lit d’hôpital, tout près de lui, sentant son souffle faible, et sa poitrine se soulever tranquillement, ils ont du mal à comprendre, à accepter : comment peut-on être mort si l’on respire encore ?
Mais le temps passe et la question du don d’organe doit être posée. Pourtant l’infirmier coordinateur des prélèvements d’organes, Thomas Rémige prend le temps d’expliquer sans effrayer, sans brusquer, sans culpabiliser des parents « cognés par la douleur ». Il faut se décider, oui ou non, mais il faut faire… vite. Chacun attend, équipes médicales, chirurgiens, infirmiers, receveurs et leurs familles, sans aucun regard accusateur ou malveillant, il faut laisser Marianne et Sean décider, le temps est suspendu. Et soudain, « oui, notre fils est donneur ». Alors, la grande machine se met en route, avions, hélicoptères, voitures sirènes hurlantes, le temps presse maintenant : les corps sont ouverts, préparés, réparés pour les uns, enterré pour l’autre ; « Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps ».
Du dimanche 5h50 au lundi 5h49 : 24h moins une minute. Si peu de temps pour autant de vies à tout jamais brisées et d’autres sauvées, ressuscitées.
En écrivant ces lignes, j’ai de nouveau la chair de poule et l’émotion me serre la gorge. J’ai compris tout ce qui se passait, je me suis identifiée à chaque personnage ; Simon, ses parents, sa petite soeur, Juliette sa petite amie, ses deux copains rescapés et leurs parents, la femme de 50 ans qui va recevoir le cœur de Simon (et dont j’ai malheureusement oublié le nom), ses enfants, les médecins et le personnel médical…
J’ai aimé chacun d’eux avec leurs particularités. Maylis de Kérangal les décrit tous avec tellement de réalisme et de sensibilité, et tout en poésie. Son style alterne entre les registres de langage, ce qui rend l’histoire proche de nous, concrète.
L’écriture est soignée, les mots choisis, c’est un pur plaisir.
En lien avec l’oeuvre et l’auteur
Extrait lu par l’auteur = http://www.telerama.fr/livre/maylis-de-kerangal-lit-un-extrait-de-son-roman-reparer-les-vivants,110099.php
http://www.lexpress.fr/culture/livre/grand-prix-rtl-lire-2014-reparer-les-vivants-de-maylis-de-kerangal-recompense_1500634.html
http://www.franceculture.fr/emission-repliques-la-mort-moderne-et-la-reparation-des-vivants-2014-05-24
http://www.lefigaro.fr/livres/2014/06/25/03005-20140625ARTFIG00138-maylis-de-kerangal-le-nouveau-phenomene-litteraire.php
http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2014/06/26/reparer-les-vivants-de-maylis-de-kerangal-ou-comment-la-mort-peut-amener-la-vie/
http://www.franceinfo.fr/emission/le-choix-culture/2013-2014/reparer-les-vivants-de-maylis-de-kerangal-02-07-2014-10-25
http://culturebox.francetvinfo.fr/livres/romans/reparer-les-vivants-linterview-de-maylis-de-kerangal-148545