De Philippe Claudel, j’avais lu « Les âmes grises » en 2004. L’année dernière, « Le rapport de Brodeck » ; ce bouquin m’a troublée, j’avais du mal à trouver le sommeil quand je le refermais le soir, l’histoire est dense, puissante, pesante. Un livre qui laisse des traces. En début d’année, je lis « L’enquête », encore un livre qui dérange mais que je ne peux pas lâcher et qui ne me lâche pas, même une fois terminé.
Alors « La petite fille de Monsieur Linh », je me suis méfiée, je lui ai tourné autour, l’ai soulevé, reposé, tourné et finalement je l’ai laissé. J’étais partagée : peur d’être déçue mais en même temps peur de me relancer dans une histoire perturbante.
Et puis, l’envie de lire un bon bouquin l’a emporté et j’ai acheté « La petite fille de Monsieur Linh ». Et Monsieur Linh m’a embarqué dans son histoire. L’histoire de ce grand-père qui fuit son pays en guerre après la mort de sa femme, son fils et sa belle-fille. Il emmène Sang Diû, son adorable petite fille qui n’a que quelques semaines, qu’il serre contre son coeur, qu’il nourrit, réchauffe et protège.
Arrivé dans le pays d’accueil, il est accueilli dans un foyer. Mais pour fuir le petit appartement qu’il partage avec d’autres réfugiés, Monsieur Linh se promène, avec son trésor collé tout contre lui. Monsieur Linh marche, tend l’oreille, respire, se sent perdu et pense à son pays. Et puis, sur un banc public, il rencontre Monsieur Bark, qui devient son ami, une amitié magique au-delà des mots.
C’est une histoire magnifique et la fin laisse pantois.
Un livre à l’écriture fine qui se lit rapidement, un livre à relire lentement la dernière page tournée, un livre comme un conte.
Encore un ouvrage précieux, à poser tout près du lit pour toujours l’avoir à portée de main.