Le printemps en moins c’est celui qu’aura passé Gabriel dans le coma suite à sa défenestration volontaire.
Tentative d’oublier et de se faire oublier.
Tentative d’échapper au harcèlement, aux insultes, aux humiliations subies sur les réseaux et dans les couloirs du collège Rosa Park.
Ce 5 mai, Gabriel a enjambé la fenêtre d’une salle de classe vide et s’est écrasé dans la cour. De son coma il lui reste des voix celles de Perrine l’infirmière, de Romane la prof de français qui a appelé les secours juste après avoir déposé sa veste sur le visage de Gabriel pour que sa photo de supplicié n’atterrisse pas sur tik tok, et celle d’Elias son meilleur copain qui ne savait pas. La voix de Martin son père qui souffre de la douleur de son fils, de n’avoir rien vu, de ne pas avoir protégé son garçon. Nous n’entendrons pas la voix de sa mère mais j’espère qu’elle était là aussi.
Un roman bouleversant lu en 2 heures parce qu’impossible à lâcher. Des chapitres courts se succèdent, le narrateur donnant voix à Gabriel, à Romane… Martin, quant à lui, parle à la première personne, ce qui renforce la sincérité et l’émotion de ses mots.
Un petit livre choc sur un sujet tellement éprouvant ! C’est un roman tout en pudeur que nous livre l’auteur puisqu’il nous épargne les détails des horreurs vécues par Gabriel, ce qui permet au lecteur de ne pas sombrer, de rester digne pour accompagner le personnage dans cette épreuve. Un coup de cœur ♥
Anecdote : L’auteur m’a contactée sur les réseaux pour me remercier de mon billet et j’ai pu lui demander pourquoi la mère était restée silencieuse.
Voici sa réponse : « C’est souvent (toujours ?) le point de vue des mères qui est donné face aux harcèlements, il me semblait intéressant de donner une voix à un père. Et c’était plus facile… le choix étant fait, le risque était la redondance si je donnais aussi une voix à la mère. Choisir, c’est renoncer ».
Un printemps en moins / Arnaud Dudek – Editions Les Avrils – septembre 2024 – 128p