Le premier roman d’Alice Develey, journaliste littéraire au Figaro, est un roman très intime, puisqu’il est nourri de son expérience. Alice a 14 ans et elle est anorexique. Le remplaçant de son médecin traitant décide un jour de son hospitalisation. Une annonce brutale, incomprise mais indiscutable, Alice pèse 36kg et sa vie est en danger. Alice rejoint donc le service pédiatrie de l’hôpital, elle partage un dortoir avec d’autres « oiseaux tombés du ciel », écrasés par le poids de leur trouble alimentaire, coupés de leur famille, de leurs ami-e-s, exfiltrés de leur vie. Chaque bouchée avalée, chaque kilo gagné donne droit à une récompense : visite, une sortie. Le mal d’Alice porte un nom : elle l’a prénommé Sissi, la voix qui l’emplit, l’exhorte à ne pas manger, à disparaître. Alice pour supporter tout ça ou parce que c’est insupportable enfonce des lames profondément dans sa chair. Mais elle subit aussi la violence de l’hôpital, attachée, entravée, droguée (Risperdal Xanax, Tiapridal) Difficile d’endurer cet enfermement malgré l’amitié de Luce, Solène, Adèle, Candice…
Ce livre n’est pas un témoignage au sens où on l’entend, l’autrice ne raconte pas son enfermement, mais il témoigne de la violence de cette maladie et de la prise en charge des patient-e-s par les soignants au pire maltraitants au mieux indifférents ; certaines scènes sont éprouvantes, insoutenables. Mais Alice s’en est sortie, Alice a réussi à faire taire Sissi. Un roman différent, déchirant et nécessaire !
Tombée du ciel / Alice Develey – Editions de l’Iconoclaste – aout 2024 – p196