La Petite Bonne tire son lourd chariot dans les rues de la ville au petit matin, elle fait le tour des familles qui lui confient la propreté de leur foyer. Consciencieuse et fiable, ses patrons sont contents d’elle. D’ailleurs Alexandrine Daniel lui demande de passer plus de temps chez eux. Pendant ses absences, elle devra s’occuper de Blaise, le mari rentré de la Grande Guerre détruit, gueule cassée et membres amputés, cloué dans son fauteuil qu’il ne quitte que pour la nuit. Les cauchemars de Blaise ne sont pas fait de souvenirs de guerre, de tranchées et de compagnons déchiquetés par les bombes mais de son ancienne vie de pianiste, de la scène et du public. Il faudra le nourrir, le laver, le coucher, le surveiller, lui tenir compagnie. Il faudra surtout lutter contre le dégoût, la pitié, l’angoisse. Mais la petite bonne est habituée au courage. Les débuts sont difficiles, Blaise lui fait une demande incroyable qu’elle, qui a pourtant aussi tant souffert, ne peut accepter. Au fil des pages, et des absences d’Alexandrine, un dialogue fait de regards, de gestes, de musique puis de mots s’installent entre eux.
Un roman extrêmement touchant, un huis clos intime, poignant entre ces personnages, Alexandrine et sa culpabilité n’étant jamais loin. Et puis la forme est une réussite ! Un harmonieux mélange de prose et de vers libres, poétique, lumineux. Un puissant coup de cœur ♥
La Petite Bonne / Bérénice Pichat – Editions Les avrils – aout 2024 – 272p