Bienvenue en Angleterre au XII° siècle. Lauren Groff écrit une bio très romancée de Marie de France dont on sait peu de choses. Née en France, elle grandit à la cour anglaise après la mort de sa mère, auprès de la reine Alienor d’Aquitaine qu’elle aime avec passion. Bientôt, celle-ci la chasse de Westminster et la contraint à prendre le voile dans une abbaye royale isolée dans la campagne anglaise. C’est un déchirement pour Marie qui quitte les jours fastes de la cour pour un endroit sordide et un accueil des sœurs très hostile. Après une période de désespoir, effarée par les conditions de vie à l’abbaye, Marie se lance dans le travail, bien décidée à transformer l’abbaye en un lieu prospère et libre pour les femmes. Elle commence par créer un potager pour que chacune puisse manger à sa faim, puis récupère l’argent dû et mets au pas les débiteurs récalcitrants. A force de courage, de travail et de détermination, Marie réussit à enrichir l’abbaye, elle construit des dépendances pour accueillir les étrangers de passage, ajoute une aile à l’abbaye pour installer les jeunes filles qui souhaitent étudier, crée un labyrinthe pour protéger le lieu, et que les femmes y soient en sécurité. Marie restera fidèle à son amour pour Aliénor, elle lui écrira des poèmes, elle est d’ailleurs « la première poétesse française connue pour son recueil Les Lais de Marie de France, douze récits en vers narrant des aventures chevaleresques et l’amour courtois ». Et consacrera sa vie aux femmes, à son abbaye et à l’écriture.
Je me suis régalée. Le style de l’autrice est tout à fait surprenant, fleuri et enrichi de mots archaïques (bravo à la traductrice qui a su conserver le style), les descriptions nous projettent dans un univers d’odeurs, de sensations ; humidité de l’air et des corps, âpreté des matières et des corps. On souffre avec les sœurs, de la malefaim, de la maladie, du froid glacial, de la boue, de la jalousie et de la méchanceté aussi, et puis on revit ensemble ! Moi j’y étais dans cette abbaye anglaise au XII siècle 😉
Matrix / Lauren Groff – Editions de L’Olivier – janvier 2023 – 304 p.
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Catherine Chichereau