Début des années 1900 – Istanbul.
Ziya est le cadet d’une fratrie de 3 garçons. L’aîné, Arif Bey est un caïd redouté et son petit frère l’admire. Mais un jour, Arif est assassiné par un albanais d’un clan ennemi. Hakkî, le benjamin doit sauver l’honneur et venger son frère, mais il ne peut se résoudre à risquer sa vie. Alors le jour du procès, Ziya, en rage, abat de sang-froid l’assassin de son frère. Trop jeune pour être pendu, il n’a que 16 ans, il est emprisonné à perpétuité. Après une année difficile qui endurcit encore son caractère, Ziya qui ne craint plus rien, ni personne, s’évade de prison grâce à des complicités politiques. Le jeune homme est caché en Egypte où il vit libre mais reclus dans une cabane sur le domaine d’un Pacha (dont j’ai oublié le nom). Le médecin dudit Pacha vit sur place avec sa fille Nora, une jeune fille qui trouble Ziya, et lui entrouvre un monde de douceur. Mais le jeune garçon n’est que rage et violence, le sentiment d’amour lui est étranger et il a du mal à comprendre ses émotions qu’il refoule. Un jour Nora doit rentrer en France et Ziya, de détresse, s’enivre toute la nuit et rate le départ de celle qui comptait tant pour lui. Bientôt la vie se rappelle à Ziya qui doit retourner à Istanbul et prendre la place de caïd laissée par Arif. Ziya est un personnage sombre, dur, qui ne craint pas la mort, ni la sienne, ni celles des autres. La violence qui l’habite et qu’il essaie pourtant de contenir est si puissante, qu’elle fait de lui un homme redoutable et redouté.
L’auteur autopsie son personnage, et nous fait pénétrer dans la psyché tourmentée de Ziya avec une écriture ciselée, sans superflu. 208 pages intenses, maitrisées et néanmoins abordables : la noirceur est dans le personnage pas dans l’écriture.
J’ai beaucoup aimé ♥
Les dés / Ahmet Altan – Editions Actes Sud – octobre 2023 – 208p
traduit par Julien Lapeyre de Cabanes