Iazza est un village italien (fictif) situé sur une île toute proche de la Sicile. Dans la famille Salvatore, le père bien que tyrannique est un amoureux de l’opéra, alors ses quatre filles se prénomment Violetta, Gilda, Aïda et Mimi. Le roman s’ouvre sur un coup de fil : Violetta annonce à Aïda que leur père est mort. Aïda a quitté l’île quinze ans auparavant, répudiée par sa famille suite à la disparition de Mimi, la petite dernière qui s’est évaporée le soir du carnaval. Aïda retourne donc sur son île, 15 ans après, sans avoir jamais revu ni son père, ni sa mère, ni ses sœurs. L’accueil est plutôt mitigé, les sœurs sont gênées, empêtrées dans les secrets, les jalousies, la culpabilité. Car la disparition de Mimi a ébranlé la famille, et est restée un mystère, le corps de l’enfant n’ayant jamais été retrouvé. Sa mère s’attend toujours à la voir rentrer, le père s’était enfermé dans le mutisme et Aïda ne s’est jamais remise d’avoir emmenée, en douce, sa petite sœur tant aimée avec elle au carnaval ce fameux soir. Alors pourquoi revient Aïda ? se demandent Violetta et Gilda. Pour quoi ou pour qui suis-je revenue ? s’interroge Aïda. Régler des comptes, récupérer de l’argent, revoir la maison de son enfance, retrouver Leonardo, interroger Pippo ?
La facétieuse narratrice intervient souvent, elle nous interroge, se pose des questions, se moque, commente, juge aussi et organise un peu les aller-retour dans le passé. La narratrice c’est elle, a confié l’auteure. J’ai trouvé que ses interventions allégeaient un peu le tragique de l’histoire. Malgré quelques longueurs c’est un excellent roman avec une fin absolument étourdissante.
Pour conclure, je citerai l’auteure : « J’aime écrire sur la “cellule” familiale, explique l’écrivaine pour le journal Le Monde, dans le double sens du terme : l’organisation et la prison.» Et Véronique Ovaldé, une fois encore réussit à donner vie à une cellule familiale comme elle l’entend.
Fille en colère sur un banc de pierre / Véronique Ovaldé – janvier 2023 – Editions Flammarion – 304p