Zoé, huit ans, en vacances chez sa copine Chloé est fauchée par un chauffard et décède sur le coup. Izia et Etienne, ses parents restés à Paris, sont dévastés. J’ai cherché longtemps le mot pour dire leur état ; j’aurais pu écrire ravagés, détruits, à terre, saccagés… Aucun ne convenait vraiment pour décrire l’abomination de la perte de son enfant, tant ce drame est terrifiant, incompréhensible, abominable, ingérable, ignoble, injuste… et là j’en trouve plein des mots, qu’il faut mettre tous ensemble parce que seuls, ils ne sont pas encore assez forts.
Izia et Etienne ont donc perdu Zoé, leur fille unique, leur rayon de soleil, une petite fille jolie, drôle, intelligente, particulière, exceptionnelle évidemment. Ils sombrent dans le désespoir, l’immensité du chagrin, le gouffre du manque, mais chacun a sa manière : Izia se renferme, veut rester seule avec le souvenir de Zoé quand Etienne voudrait partager cette douleur. Il finit par quitter l’appartement sans se résoudre à perdre sa femme. Commence alors pour chacun d’eux le chemin de la résilience. Lui s’isole en Province près de la nature et lui envoie des couchers de soleil, elle monte une entreprise qui s’occupe des affaires des décédés pour soulager les familles endeuillées. Elle trie, encartonne, dispatche, vend… Et bientôt, engage Samuel qu’elle choisit parce que c’est un jeune costaud, pas très bavard et plutôt introverti.
Un roman bouleversant sans gnangnan. Ici on ne s’apitoie pas, on accompagne Izia et Étienne avec discrétion, empathie et délicatesse. Les personnages et leur douleur sont authentiques et pourtant il s’agit bien d’une fiction, ce qui permet le recul nécessaire à ce genre de lecture. C’est aussi une belle histoire d’amour entre ces parents orphelins de leur enfant ♥
Mon acrobate / Cécile Pivot – Calmann Levy – aout 2022 – 304p