Dans ce recueil de neuf nouvelles, l’auteur nous entraîne sur les chemins de la mémoire et des souvenirs. Dès la première histoire, nous sommes submergés par la mélancolie, le gris de la vie, celle qui n’oublie pas, ne lâche jamais. Les histoires se suivent et se ressemblent ; un espace s’ouvre et un souvenir s’engouffre, avec ses secrets, la colère ou l’indifférence et les regrets. Et la mort, presque toujours, pour clore enfin le chapitre de la douleur. Un livre triste comme un dimanche pluvieux, une plume délicate et peu expressive, et beaucoup d’émotions.
Je suis particulièrement sensible à la plume de Bernard Schlink. Calme, sereine, flegmatique, elle accompagne le lecteur sur un chemin sans obstacles (aucun mot sur lequel buter, aucune construction incongrue, ni ponctuation agressive) et laisse ainsi la place à toutes les émotions, même les plus enfouies que ses histoires suscitent. Il est alors facile de se concentrer sur la profondeur des sentiments exprimés (ou non) par les personnages. L’écriture de Bernard Schlink est réconfortante, il n’y a pas de bataille à mener pour se glisser dans ses romans. J’ai beaucoup aimé, pour les mêmes raisons, Le liseur et Olga.
Couleurs de l’adieu / Bernard Schlink – Editions Gallimard – février 2022 – 256p
Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary