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L’auteure nous trimballe entre rêve et réalité, passé et présent, dans une langue tout à fait agréable. L’atmosphère très particulière du lieu et le mystère qui entoure les personnages ont réussi à me troubler dès les premières pages. Peut-être aussi parce qu’il est question du temps qui passe, un sujet qui tracasse (surtout à partir d’un certain âge 😉 Et puis j’ai trouvé la fin très intéressante. Un très bon moment de lecture !
Tout au long de ma lecture, L’horloge le poème de Baudelaire, s’est imposé et ne m’a pas quittée
L’horloge
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,
Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
L’île du docteur Faust / Stéphanie Janicot – Editions Albin Michel – août 2021 – 304p