Ce jour-là Bolivar, un pêcheur sud-américain aguerri, doit impérativement prendre la mer pour rembourser un type auquel il doit de l’argent et qui a promis de lui couper les oreilles ; c’est une affaire sérieuse. Angel, son acolyte, cuve ses excès de la veille, alors c’est Hector, un adolescent dégingandé qui embarque sur le panga avec Bolivar, au mépris de la tempête qui gronde au loin.
Mais bientôt, au cœur des éléments qui se déchaînent, Bolivar perd le contrôle de l’embarcation. Les deux pêcheurs se réfugient dans la glacière et attendent. Quand le calme revient, ils sont perdus, sans eau, sans nourriture, gps et radio sont hs. Ainsi débute la dérive de ces deux êtres si diamétralement différents et de leur bateau.
Ils vont devoir puiser au plus profond d’eux-mêmes les ressources qui peuvent leur permettre de survivre au milieu de ce tout meretciel confondus, immensément bleu, qui enveloppe, enserre, emprisonne, empoisonne, étouffe, asphyxie. Chacun d’eux s’interroge sur l’homme qu’il a été et qui l’a conduit là, entre espoir et désespoir, entre foi en Dieu ou en la vie. Un face à face suffocant, brutal et animal, d’amour et de haine fragmentés.
C’est un roman terrifiant, angoissant, bouleversant, fascinant, qui a fait remonter en moi des questions existentielles, philosophiques et nécessaires. L’écriture de Paul Lynch est intense, il sait raconter merveilleusement les histoires les plus terribles, les plus extra-ordinaires. Après Grace, que j’avais aimé, mon amour pour cet auteur est absolument confirmé.
Au-delà de la mer Paul Lynch – Editions Albin Michel – août 2021 – 232p
Voici le lien qui raconte (beaucoup moins bien 😉 l’histoire incroyable de Salvador Alvarenga, pêcheur saldorien, qui a dérivé 438 jours sur le Pacifique suite à la tempête de novembre 2012. http://www.slate.fr/story/109625/pecheur-seul-mer-438-jours