Dans les années 60 à Rouen naît Laurence Barraqué. Sa naissance aura assombri son père Matthieu Barraqué médecin généraliste qui lui aurait, évidemment, largement préféré un garçon. Elle aura assombri sa sœur qui aurait préféré rester fille unique. Laurence grandit dans une société où naître fille, grandir fille c’est être sous domination masculine. D’ailleurs ne lui rabâche-t-on pas dès son plus jeune âge à l’école que « le masculin l’emporte sur le féminin » ? Quelle injustice ! Comment les écoliers peuvent-ils se construire dans l’égalité en entendant des phrases pareilles ? Laurence s’interroge, à la maison, à l’école, à la danse, partout, ailleurs , et ne comprend pas pourquoi. Elle grandit pourtant, silencieusement et un jour devient maman. Son premier enfant ne survit pas à la naissance et à l’incompétence d’un jeune médecin, fils d’un confrère de son père. Puis, elle devient mère d’une fille à son tour.
Que transmet une fille à sa fille ? Comment élever une fille dans un monde d’hommes ? C’est tout l’enjeu de ce roman, balayer ces 40 ans où la société a été bousculée par les femmes. Une société où les femmes doivent se battre pour être respectées, traitées d’égal à égal, encore et toujours, même si de grandes dates ont changé la condition des femmes de notre pays mais le chemin à parcourir reste long et semé d’embûches.
Dès notre premier souffle, nous sommes des filles, nous portons cette étiquette autour du cou comme un joug. Fille, un mot aux multiples définitions, aux multiples sens, pas toujours flatteurs et souvent injurieux. L’auteure met en lumière l’importance du mot fille dans notre vie, le dissèque, l’analyse, l’observe et le met en situation. Camille Laurens écrit avec justesse, conviction, lucidité et une certaine brusquerie, un roman féministe.
Merci à Babelio et aux Editions Gallimard