Avant d’être bibliothécaire, j’ai enseigné le français aux étrangers. Comme l’anglais, l’allemand ou l’espagnol LV1 ou LV2, le français est enseigné dans les collèges et lycées du monde entier. J’ai donc travaillé pendant plus de 20 ans avec des étudiant-e-s de toutes nationalités et de tous âges. Des JiYoung, j’en ai croisé beaucoup, ces jeunes filles sud-coréennes, toujours charmantes, discrètes et tellement bien élevées. La plupart considérait ce séjour à Paris comme une parenthèse dans leur vie sur laquelle elles étaient, finalement, assez peu disertes. J’ai donc beaucoup appris sur la condition de la femme en Corée du sud dans ce roman et je n’ai pas été étonnée. Je n’ai, finalement, pas trouvé la condition des coréennes si éloignée de la nôtre ; les différences de salaire, la charge des enfants et des tâches ménagères, l’abandon d’une carrière pour cause de maternité, un travail de mère au foyer, temps plein 24/24 – 7/7 , pas reconnu, moqué voire méprisé.
La vie de Kim JiYoung se découpe en 6 périodes, de son enfance à aujourd’hui. Au fil des pages, les chiffres démontrent, les statistiques confirment, et JiYoung s’effondre. Un très bon premier roman que je situe entre le documentaire et la fiction.
Kim JiYoung, née en 1982 / Nam-Joo Cho – Editions Nil – janvier 2020 – 216p
Traduction : Pierre Bisiou , Kyungran Choi