Un coup de cœur pour ce roman, le premier de Constance Rivière, jeune énarque qui fut conseillère à l’Elysée pendant la présidence de François Hollande. Elle signe un beau roman polyphonique, très moderne, tant par son sujet que par son écriture, belle et précise.
Le 13 novembre 2015, Adèle, une jeune femme un peu paumée, est postée à la fenêtre de son appartement parisien près du Bataclan. Comme tous les soirs, elle observe ses voisins, leur invente une vie, se raconte des histoires. Mais vers 22 heures, des coups de feu, des sirènes de police, des cris, des hurlements, du sang partout, la panique, des gens qui courent dans tous les sens. Adèle paniquée ferme la fenêtre, se réfugie dans l’obscurité de son appartement, allume la télévision et regarde, épouvantée, les premières images de l’horreur des attentats. Et puis soudain, parmi les photos de visages brandies par les proches des victimes, Adèle reconnait Matteo, un jeune artiste qu’elle avait l’habitude de croiser quand elle était encore serveuse dans ce petit bar près de chez elle. Sans comprendre vraiment pourquoi, Adèle décide de partir à la recherche de Matteo, elle se rend à l’Ecole Militaire où sont accueillis, dans l’urgence et la désorganisation, les proches des victimes. Là, pour justifier sa présence, elle raconte une fable, elle invente une histoire d’amour avec Matteo. Elle l’attendait ce soir, il devait la retrouver à l’appartement après le concert. Ils sont fous amoureux depuis peu, se sont rencontrés dans le bar où elle bosse. Sa détresse touche Saïd, un jeune volontaire de la Croix Rouge qui promet de lui donner des nouvelles de son amoureux. Francesca la mère de Matteo, tout juste arrivée d’Italie ne comprend pas la présence de cette jeune fille mais foudroyée par la douleur, se laisse prendre en charge.
Une histoire étourdissante, racontée par 3 voix, celle du narrateur, de Saïd et Francesca qui apportent leur témoignage. Une histoire qui soulève beaucoup de questionnements, on ne peut rester insensible au personnage d’Adèle, il est difficile de juger son mensonge et en même temps peut-on comprendre un tel comportement ? Et puis l’auteure nous replonge dans cette tragédie, cette horreur, cette nuit monstrueuse, encore tellement présente dans nos cœurs et dans nos tripes. Un gros coup de coeur ♥♥♥
Une fille sans histoire / Constance Rivière – Editions Stock – août 2019 – 144p