Ito Shiori est une jeune journaliste japonaise. En 2015, elle a 26 ans, ses études aux Etats Unis et en Europe terminées, elle rentre au Japon pour trouver du travail. Elle fait la connaissance de Noriyuki Yamaguchi qui dirige l’antenne de Washington de la télévision japonaise TBS et lui assure qu’il peut lui trouver un poste. Il lui propose de le retrouver dans un restaurant à Tokyo pour en parler. Plus tard, Ito Shiori se réveille nue dans le lit d’une chambre d’hôtel au beau milieu d’un rapport sexuel avec Noriyuki Yamaguchi, elle n’a que peu de souvenirs de la soirée, quelques images lui arrivent par flash. Elle a été droguée, conduite inconsciente à l’hôtel et violée. Elle décide de ne pas se taire, elle parle, raconte, porte plainte et exige des excuses de Noriyuki Yamaguchi qui nie toute agression, et lui assure qu’elle était, évidemment, consentante. Elle trouve peu de soutien, tient bon, seule. Face au manque d’intérêt de la police, elle doit mener sa propre enquête, rassembler des preuves, interroger des témoins.
Ito Shiori prévient dès le début de son livre, que ce n’est pas juste le témoignage d’une victime de viol. Elle dit vouloir « parler, à visage découvert, pour toutes les femmes qui ont peur de le faire parce qu’ […] au Japon, ni la police, ni la justice ne soutiennent les victimes de crimes sexuels. le viol est tabou. » Elle souhaite apporter une aide réelle aux victimes, faire changer le regard des japonais sur les agressions sexuelles, faire bouger les lois de son pays quand celle sur les viols date de 1907. Elle dénonce »un système judiciaire et social où les victimes de crimes sexuels ne sont ni protégées, ni entendues ».
Depuis, il y a eu #Metoo, les témoignages se sont multipliés, la parole s’est enfin libérée, mais de façon inégale. Au Japon où près de 65 % des femmes harcelées sexuellement au travail ne le signalent pas, conservatisme, sexisme et inégalités perdurent et le pays se classe 110e sur 149 en matière de parité*. Cette lecture informative apporte un éclairage sur le traitement du viol et quasi-viol (?!) au Japon et on se rend compte qu’il y a encore pas mal de boulot !
*in 20 minutes
La boîte noire / ITO Shiori – Editions Picquier – avril 2019 – 240p
Traduit du japonais par Jean-Christophe Helary et Aline Koza