Je prends vraiment toute la mesure de ce que m’apporte la lecture quand je tombe sur un livre comme celui-là, qui fait partie des livres qui nous font nous sentir différents, nous remplissent d’émotions, traversés par des sentiments forts et prégnants ; joie, colère, tristesse, peur, révolte, nous laissent ko ou léger, que l’on garde encore ouvert contre soi la dernière page lue, qu’on ne voudrait pas refermer, qu’on ne peut s’empêcher de dévorer en se disant qu’on aimerait qu’ils durent longtemps.
Tropique de la violence est l’un de ces livres-là. Un très grand roman, puissant, juste, bouleversant, rare !
Marie s’est installée à Mayotte pour suivre Cham, qu’elle a rencontré et épousé en Métropole. Infirmière, elle travaille dans un hôpital où elle croise les réfugiés comoriens, qui fuient la misère de leur pays tout proche. Un jour, une très jeune fille qui porte son nourrisson se présente à l’hôpital. Dans ces contrées où sont ancrées bien des croyances, le bébé avec son oeil vert sera maudit, on le dira habité par un Djinn, et la jeune maman qui le sait, lance un regard désespéré et suppliant à Marie. Marie comprend, garde l’enfant, l’adopte et le prénomme Moïse. Cham parti avec une autre femme, Marie élève seule Moïse, dans l’amour et le confort. Mais à l’adolescence et alors que Moïse cherche des réponses, Marie lui raconte son arrivée à Mayotte. Moïse a du mal à accepter ses origines, et lui si sage, commence à fréquenter les petits délinquants. Et c’est la descente aux enfers…
Nathacha Appanah connait son sujet, elle qui, d’origine Mauricienne, a vécu un temps à Mayotte où elle pensait offrir à sa fillette un décor de carte postale. Mais l’île a une autre réalité, complexe, violente, que l’auteur dépeint avec vérité et justesse. Je l’ai lu en apnée, j’ai vibré, frissonné, pleuré aussi. Bref, j’ai adoré ♥
Tropique de la violence/Nathacha Appanah – Editions Gallimard – 25/08/2016 – 192p