Un thème vraiment flippant –et qu’en général j’évite- pour la maman de 4 enfants que je suis, dans ce nouveau roman »imposé » par un comité de lecture destiné à un regroupement de bibliothèques. Je me suis lancée avec beaucoup de contrariété et d’appréhension, mais c’était sans compter sur les talents de conteuse de l’auteure !
Alors oui, il s’agit de la disparition d’enfants ; l’angoisse, l’incompréhension, le déchirement, la douleur, la souffrance, le désespoir, le renoncement, la honte mais aussi l’apprentissage de la responsabilité et de la culpabilité, font les 365 pages de ce roman. Mais bizarrement, c’est la douceur et la retenue, sans malaise, ni tension qui accompagnent le lecteur.
Au début du roman, Marnie et Bill raconte leurs disparitions. Bill n’a jamais retrouvé Billie, sa fillette de 8 ans, qui n’est jamais rentrée de son cours de danse en 2009. Marnie, 12 ans, était avec Michael quand il a pénétré en courant dans la forêt dont il n’est jamais sorti un soir d’orage d’août 1979. Ils racontent avec pudeur comment ils ont survécu à leur drame sous les regards soupçonneux des autres. Lorsque son père décède, Marnie hérite de la maison familiale et décide de retourner à Rivière-aux-Trembles, à l’orée de cette forêt maudite, qu’elle avait quittée à 18 ans. C’est la mort de Pixie, le chat chéri de Billie qui convainc Bill de partir, il n’a plus d’espoir de voir revenir sa fille. C’est par hasard, qu’il arrive à Rivière-aux-Trembles le jour de l’enterrement du père de Marnie, et qu’il croise son regard perdu dans le cortège funéraire. C’est un fait divers dramatique, la disparition du petit Michael Faber sur les rives de la rivière tremblante le 18 avril qui va les réunir sur les bancs du commissariat de police, Marnie et Bill ayant déjà été suspectés dans une affaire de disparition d’enfants, ils sont en tête de liste des coupables potentiels.
Il y a tellement de délicatesse, de douceur, de poésie dans ce livre ; les mots choisis par l’auteure appartiennent au champ lexical de l’amour, du bonheur. C’est étonnant pour traiter d’un tel sujet mais c’est ce qui donne toute sa puissance à ce roman. Bill veut garder en mémoire uniquement le sourire de sa petite fille, il refuse de convoquer des images terrifiantes, qui rendrait les souvenirs impossibles, or Bill veut se souvenir de Billie. Et ce sont ces images de bonheur que l’auteure partage.
Je pourrais expliquer encore et encore ce qui fait de ce livre un beau moment de lecture, mais je vais vous laisser le découvrir, en le lisant !
Rivière tremblante / Andrée A. Michaud – Rivages Noir, 2018 – 366 p.