Lu en juin dans le cadre des Talents Cultura 2018
Condamné à perpétuité pour l’assassinat de la mère de l’auteur, il a purgé 18 ans et est libéré pour bonne conduite. A sa sortie, il a vécu la vie de château avec un de ses codétenus, un riche héritier, devenu son amant. À la mort de celui-ci, seul, il est pris en charge par le juge d’application des peines, pris en charge par la société, il a changé de prénom et se retrouve jardinier à Nogent le Rotrou. Voilà pour le passé.
Au début du roman, il regarde la télévision seul chez lui et tout à coup semble reconnaître le visage de cette femme qui parle de son dernier roman. Cette femme, ses yeux verts, ses cheveux roux, ce menton pointu, il la reconnaît ! C’est la fille de la femme qu’il a assassinée. Elle a 20 ans de plus et vient d’écrire un livre, dans lequel elle raconte le décès de sa fille adolescente.
Elle doit venir dédicacer son livre à la librairie de Nogent le Rotrou quelques jours plus tard. Un compte à rebours se met en place, 6 jours de la vie du jardinier meurtrier et 6 jours de la vie de la romancière. Il doit y aller, il va y aller, il le sait. Mais va-t-il réussir à croiser le regard de cette femme ?
Le réel se mélange à la fiction dans ce roman de Sophie Daull, qui avait si merveilleusement et douloureusement écrit Camille mon envolée, un premier livre où elle racontait les derniers jours de sa fille Camille, emportée injustement à 16 ans, par une infection fulgurante. Puis dans La suture, elle se penchait sur le passé de sa mère, la victime d’un sordide et tragique fait-divers quand l’auteure était adolescente. Dans ce troisième livre, elle imagine le meurtrier de sa mère, lui crée une vie, en fait un personnage de roman.
Au Grand lavoir / Sophie Daull – Éditions Philippe Rey – Sortie le 23 août 2018 – 155p