J’ai découvert Metin Arditi, en lisant Le Turquetto qui faisait partie de la sélection de mon club de lecture. J’avais beaucoup aimé, alors quand j’ai vu Loin des bras sur l’étagère de la bibliothèque, la couverture vintage, d’un bleu de ciel d’orage, le titre plein de promesses et le résumé au dos, je n’ai pas hésité ! Et bien sûr je n’ai pas regretté.
L’Institut suisse Alderson connait des jours sombres. Depuis le décès de Georges, le fondateur, sa veuve fait face à de graves difficultés financières et envisage, à contre cœur, de se séparer de l’école. Les familles aisées du monde entier ne se pressent plus pour y inscrire leur enfants, les enseignants sont obligés de faire des efforts, accepter de travailler plus, être payés moins… Et dans cette ambiance délétère, des petits secrets refont surface. Antisémitisme, homosexualité, collaboration avec l’ennemi, addiction aux jeux d’argent, deuil, honte, lâcheté, solitude, personne n’est épargné dans ce petit monde, et tout ça sur des airs de samba menés par le truculent professeur de danse Gülgül. Chacun tente de vivre avec son difficile passé. Et les élèves de l’Institut, si loin des bras de leurs parents, ne sont pas oubliés dans le roman.
Des chapitres courts, rythmés, une écriture très agréable, un scénario intéressant, vivant, des personnages complexes, Metin Arditi sait raconter les histoires. On est happé par la vie de l’Institut, on partage les secrets, on tend l’oreille aux médisances, on prend partie, on préfère, on excuse, on pardonne, on est en Suisse à l’automne 1959.