Cette lecture est un jeu de patience, où les éléments s’emboîtent les uns dans les autres jusqu’à reconstituer l’histoire. L’auteur n’en dit pas trop, mais on comprend tout. Et on partage l’horreur, et on se demande comment tant de cruauté est possible, comment on peut être aussi lâche. Et on se dit que ça existe encore des comportements pareils, ça existe et moi, ça me tord le ventre. L’ignorance, la méconnaissance de l’autre engendrent la méfiance et la haine, et conduisent à l’horreur.
Brodeck a été dénoncé, pour rien, par tous, alors qu’il se sentait chez lui dans ce village. Il a passé des années d’horreur dans un camp puis à la fin de la guerre, il est rentré, retrouver sa femme, meurtrie, mutique, parce qu’elle a subi, elle aussi, la violence des hommes. A son retour, il fait la connaissance de celui que tous appellent Anderer (l’autre) serviable, gentil, au caractère doux, débarqué de nulle part avec un âne et une jument, et dont la seule présence dérange les villageois qui s’interrogent, s’échauffent, le haïssent et finalement l’assassinent. Brodeck est chargé par le maire et les notables du village d’écrire un rapport sur ce meurtre, de l’expliquer. Mais c’est tout autre chose que ce qu’ils attendent que Brodeck va leur livrer.
Un livre à lire absolument.
A lire aussi, « Les âmes grises » et « La petite fille de Monsieur Linh »