« Mon cœur s’est arrêté de battre » = trop banal
« S’est arrêté mon cœur de battre » = trop original
« De battre s’est arrêté mon cœur » = trop confus
« De battre mon cœur s’est arrêté » = PARFAIT !
J’adore ce titre, et Romain Duris aussi j’adore. C’est un acteur excellent qui « habite » chacun de ses rôles ; on le suit les yeux fermés, à chaque fois, on y croit, c’est son histoire, sa vie, c’est lui !
Et dans CE film-là, il est magistral.
Il incarne Tom, petite trentaine, costard cravate, marchand de biens aux méthodes plus que véreuses, capable par exemple, avec ses 2 associés d’expulser des squatteurs à coups de barre de fer.
Tom est violent, vaniteux, impulsif, impatient, froid et pourtant…
Dès le début, on le devine différent de ses deux acolytes, on a l’impression que le monde de magouilles qui l’entoure ne le touche pas, qu’il est ailleurs, détaché, insensible, qu’il traverse sa vie sans convictions, sans sentiments, suivant les traces de son père, un Niels Arestrup dégueulasse, détestable, méprisable.
Un jour, par hasard, Tom tombe sur un ancien ami de sa mère – concertiste renommée, décédée, qui partageait sa passion du piano avec son fils – qui l’invite à passer une audition. Tom va alors se remettre au piano, à sa façon, brutalement, se contraindre à un entraînement intensif avec une jeune pianiste chinoise (qui ne parle pas français d’où une scène de dispute puissante).
Tom y met toute son énergie, travaille sans relâche, se trompe, s’énerve, recommence, travaille, hésite, n’y arrive pas, s’énerve encore… Et sous le regard intransigeant de Miao-Lin, progresse enfin. Il se transforme, abandonne l’ombre pour la lumière, délaissant le monde de son père, violent, rude, noir pour celui de la musique, de sa mère, et de Miao-Lin, où l’honnêteté, le travail, le mérite et la douceur se côtoient.
Ce film est un concentré d’émotions, de sensations. Pendant tout le film contaminés par l’hyper-nervosité de Tom, on a le cuisseau qui s’agite, les doigts qui pianotent, les tempes qui battent, le coeur qui cogne, l’estomac en vrac, le souffle court…
Alors à messieurs Audiard et Duris, je dis merci pour ce film puissant, intense, riche. Quant à vous, vous l’avez raté au cinéma en 2005 ?! Dommage ! Débrouillez-vous mais vous devez le voir 🙂