Lola loit Quelques battements d’ailes

Ophélie a 19 ans et une bêtise lui a valu une peine de 15 jours de Travaux d’Intérêt Général. Elle a trouvé rapidement une place au musée au service entomologie, la branche de la zoologie dont l’objet est l’étude des insectes, bien que ces petites bêtes la dégoutent un peu, surtout les mouches qu’on lui demande d’épingler toute la journée sur des cadres. Mais Ophélie s’accroche, elle n’a pas le choix, et puis les collègues sont sympas. Mais Ophélie ne va pas bien, ses études d’assistante administrative ne la passionnent guère, ses problèmes de genou l’empêchent de continuer la danse qui est sa passion, et ce n’est pas sa relation avec Thomas qui va améliorer son humeur. Drôle, gentil, attentionné, il intercale des mots blessants entre ses compliments, lui fait des reproches, critique ses amis, ses tenues. Ophélie finit par faire des choses qui ne lui ressemblent pas. Cette expérience au musée va lui apporter beaucoup plus qu’elle ne pensait et même l’aider à prendre certaines décisions.

Une BD attachante, pleine d’infos intéressantes sur les insectes, les planches qui leur sont consacrées sont particulièrement jolies. J’aime beaucoup la douceur du trait et des couleurs. Les autrices ont réussi à mettre en miroir la vie d’Ophélie et celle de certaines petites bêtes. On assiste à la transformation de la jeune fille « chrysalide », le stade intermédiaire entre la larve et l’adulte.

#Quelquesbattementsdailes #NetGalleyFrance !


Quelques battements d’ailes / Anaele Hermans (texte) et Tiffanie Vande Ghinste (dessins) – Editions Delcourt – mars 2025 – 144p.

Lola lit Oncle Vania en BD

Oncle Vania est une pièce d’Anton Tchekhov de 1897. Sacré défi d’adapter cette histoire en BD ! Les relations entre les personnages sont complexes et on s’y perd un peu. Mais j’ai trouvé que c’était très bien fait et plutôt fidèle à l’œuvre du dramaturge russe. L’histoire se passe dans la maison de campagne de Sonia qui gère la propriété avec son oncle maternel Vania. Son père Alexandre Serebriakov,  tyrannique professeur à la retraite, vient prendre ses quartiers d’été avec sa seconde très jeune épouse Elena dont la beauté et la jeunesse attisent bien des convoitises. On croise le médecin Astrov un habitué des lieux, alcoolique et défenseur de la nature, dont est amoureuse Sonia, mais qui aime secrètement Elena. Oncle Vania, un homme intelligent et cultivé, aime aussi Elena, peut-être plus sincèrement. Et surtout il déteste son ex-beau-frère pour qui il pense avoir sacrifié sa vie, gérant la propriété contre un salaire de misère, entre humiliations et manque de reconnaissance. La colère gronde dans les salons surtout lorsque Serebriakov annonce qu’il compte vendre la propriété.

J’ai beaucoup aimé la présentation des personnages au début de la BD ainsi que les planches de paysages et les petites illustrations carrées qui permettent de très bien poser l’ambiance. Les personnages sont intéressants et attachants, leurs relations compliquées et très conflictuelles. L’amour et ses petites manigances réveillent un peu leur existence sombre et monotone. J’ai beaucoup aimé les couleurs, l’ambiance ; l’ennui, la langueur sont très bien rendus, on a parfois l’impression d’entendre sonner les heures à l’horloge. Et puis les personnages, tels qu’ils sont dessinés, m’ont beaucoup amusée.

Une très chouette découverte !

#OncleVania #NetGalleyFrance


Oncle Vania / Rémy Benjamin – Editions La Boîte à Bulles – mars 2025 – 144p.

Lola lit Les bouchères

Anne et Stacey se sont connues en CAP de boucherie où seules filles elles ont dû se serrer les coudes pour supporter ce monde d’hommes un peu misogyne (euphémisme) et pas toujours très fins. Des années des plus tard, après la disparition de son père, Anne hérite de la boucherie familiale rouennaise. Elle recontacte Stacey et lui propose de venir travailler avec elle. Elles repensent complètement la boutique, la modernisent, installent leur billot au centre de la pièce, proposent des boissons pour faire patienter les clients, conseillent des recettes, organisent des événements mais surtout elles vendent une viande d’excellente qualité et en sont très fières.
Leurs idées modernes et novatrices attirent du monde, la boutique ne désemplit pas et bientôt Anne doit embaucher une caissière. C’est Michèle qui rejoint l’équipe, originaire d’Afrique, son apparition dans la boucherie divise les clients. Ceux qui critiquaient déjà s’en donnent à cœur joie !
Mais il n’y a pas que la boucherie et l’amitié qui lient les filles, il y a aussi les violences qu’elles ont subies. Et toujours infligées par les hommes. La vie va leur donner l’occasion de se venger. La disparition d’hommes dans le quartier affolent les médisances, la rumeur enfle.
Dans ce premier roman les hommes ont intérêt à bien se tenir au risque de voir leurs attributs flotter dans des bocaux en verre. Un livre cocasse qui bouscule parce qu’il rassemble (presque tout) ce que les femmes peuvent subir de violences. On sent que l’autrice s’est amusée à décrire avec force détails le désossement des carcasses, la dextérité des bouchères à parer la viande, le pouvoir qui gonfle leur poitrine quand elles ont leur couteau en main : le monde alors leur appartient. Les filles sont très attachantes, on a envie de faire partie de leur bande.
Une comédie sociale, policière, féministe. Un très bon premier roman lu par Rachel Arditi dont la voix très agréable et des chapitres courts et rythmés rendent l’écoute très agréable.
#LesBouchères #NetGalleyFrance

Les bouchères/Sophie Demange – Editions L’Iconoclaste – janvier 2025 – 300p.
Livre audio @lizzie lu par Rachel Arditi

Lola lit Ilaria ou La conquête de la désobéissance ♥

Mai 1980 à Genève – Ilaria 8 ans attend sa sœur Ana à la sortie de l’école pour rentrer à la maison. Mais c’est Fulvio son père qui vient la chercher et lui annonce qu’ils rejoignent maman et Ana au restaurant, où ils vont manger en terrain neutre depuis que maman a quitté papa et que les rencontres ne se passent pas très bien entre eux. Mais finalement Fulvio annonce que maman a changé d’avis et qu’ils vont passer quelques jours de vacances tous les deux. Ilaria ne veut pas manquer l’école, et elle a promis à Ana de l’attendre, « elle aimerait protester mais Papa est nerveux il vaut mieux se taire ». C’est le début d’une longue cavale à travers l’Italie !

C’est Ilaria qui raconte, le style est assez simple mais très agréable à lire. Les chapitres sont courts et rythment le voyage. Ilaria, toute petite, est un peu perdue, mais elle s’adapte aux sautes d’humeur de Flavio qui, alcoolique et agité, passe de la gentillesse à l’énervement, du rire aux silence, sans se soucier des sentiments de la fillette. Pourtant, on sent l’amour qu’il lui porte même s’il est évident que cet enlèvement sert à tourmenter son ex femme plus qu’à passer du temps avec son enfant. Tout au long de la route, il l’appelle sans arrêt pour lui dire que c’est de sa faute, la faire culpabiliser, lui faire du chantage, sans jamais accepter de lui passer sa fille. Malgré le manque de sa maman et de sa sœur, malgré l’arrachement à sa vie de petite fille, Ilaria va faire de belles rencontres et vivre de bons moments.

Un excellent roman ♥


Ilaria où la conquête de la désobéissance / Gabrielle Zalapi – Editions Zoé – aout 2024 – 176p

Lola lit Quand la terre était plate

Suzanne Grumberg, née Suzanne Katz à Paris en 1907, est la mère de l’auteur et l’héroïne de son dernier livre. Un mélange entre conte, biographie, récit et autofiction. Car il n’avait pas grand-chose à raconter Jean-Claude Grumberg : quelques petites anecdotes glanées ça et là, de rares photos, des légendes familiales et les souvenirs de son frère aîné. Un très beau texte, sombre mais facétieux où l’auteur interpelle le lecteur, lui livre quelques remarques personnelles. C’est le récit d’un petit garçon de 85 ans qui veut faire revivre une fois encore sa maman. On sent tout l’amour et la tendresse que cette maman et ses deux fils ont partagé. J’ai été bouleversée et en même temps le récit est si vif, si cinématographique que j’ai souvent eu l’impression d’entendre les cavalcades des enfants dans les escaliers ! Une réussite ♥


Quand la terre était plate / Jean-Claude Grumberg – Editions du Seuil – janvier 2025 – 176p

This entry was posted in Livres.

Lola lit Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été ♥

Tous les étés la famille Capdeville passent s’installent chez la grand-mère paternelle. Phoebe et Léna y ont tous leurs copains, leurs habitudes, leurs spots préférés. C’est l’endroit où elles se sentent le mieux et les vacances passent toujours trop vite. Mais cette année, rien n’est plus pareil : Phoebe et Léna ont eu chacune une année bien difficile ! Léna s’est fâchée avec Alix sa meilleure amie et son groupe de copines lui a tourné le dos, la laissant seule avec beaucoup de doutes sur sa sexualité. Quant à Phoebe, sous la pression de sa mère elle a entamé des études de droit à Assas qui l’épuisent, et elle a dû renoncer à sa grande histoire d’amour avec Isaac. Ces vacances s’annoncent chaotiques, entre une mère exigeante et abusive, un père absent et démissionnaire, et les deux sœurs, entourées de leur bande de copains, en quête de repos pour l’une et de liberté pour l’autre, sous le regard bienveillant mais inquiet de la grand-mère. Ce mois d’aout va bouleverser et changer profondément la famille entière !

Un excellent roman que j’ai lu d’une traite. Je me suis immédiatement replongée dans mes souvenirs d’ado ; les amitiés à la vie à la mort, le premier grand amour plein de promesses, les relations avec les parents qui ne comprennent jamais rien, la recherche de liberté, les abus, les prises de risques. C’est une période où on a l’impression d’être le passager avant d’une formule 1. Tout va trop vite, trop fort, on est au premières loges mais on ne contrôle pas grand chose, ça nous emporte ! Il faut retenir sans cesse les battements de son cœur, les émotions sont exacerbées, comme les sentiments, les réactions, la colère, le chagrin. C’est grisant mais ça peut être effrayant. Car l’adolescence c’est aussi la perte de confiance en soi, le burn out, la dépression, le suicide. L’autrice décrit très bien ce chaos dans la tête des filles (peut-être parce que c’est un monde qu’elle a quitté il y a peu de temps). J’ai retrouvé avec grand plaisir les plages du Sud Ouest, une région que je connais bien, l’océan qui gronde et le sable qui brûle les pieds. Un excellent roman à lire et à faire lire aux ado ♥

 #LesCoquillagesnesouvrentquenété #NetGalleyFrance


Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été / Clara Héraut – Editions Hachette Romans – mai 2024 – 436p

Lola lit Le chant de la femme parfaite

Une BD qui mêle histoire d’amour et science fiction et qui commence en Afghanistan. Le lieutenant Alan Zédher est cryptologue dans l’armée. Ce jour-là, une embuscade cause la mort de ses hommes. Fluctuation inhabituelle du spectre électromagnétique terrestre ? Erreur humaine ? Alan est sommé de démissionner. Malheureusement il rapporte d’Afghanistan une forme mutante incurable du paludisme qui le condamne à brève échéance. Entre douleurs physiques et culpabilité, Alan tente de trouver des explications à certains phénomènes bizarres que Frank, son ami médecin, explique par des hallucinations dues à sa maladie. Lorsque Catherine, la femme qu’il aime, le quitte brutalement et part en Afrique, Alan touche le fond. Et puis dans le champ derrière sa maison, il reconnait Catherine, assise en tailleur sur le sol, au centre d’un cercle parfait, mutique, nue sous un tissu de texture inconnue. Alan est sous le choc ! Catherine se laisse emportée dans la maison mais elle refuse de répondre aux questions affolées de Alan, se contentant de répéter Non pas Catherine. Omaïa vient d’un autre monde pour demander de l’aide à Alan contre sa guérison. C’est le début pour eux d’une aventure folle et extraordinaire !

On assiste à la reconstruction d’un homme détruit, l’histoire d’amour est très douce et sensuelle et j’ai été charmée par l’idée de la voix pour guérir. Une BD agréable, les illustrations sont réalistes et la mise en couleur est réussie. Il y a de très belles planches ♥

#LeChantdelafemmeparfaite #NetGalleyFrance


Le chant de la femme parfaite /  Makyo (texte) et Bruno Cannucciari (dessins) – Editions Delcourt – février 2025 – 104p

Lola lit La baronne perchée ♥

Billie partage la vie chaotique de son père Léo depuis la disparition de sa mère. Quand, pourquoi, où ? Les questions de Billie restent sans réponse. Léo survit difficilement, entre son boulot à la conserverie de sardines et les bières qu’il éclusent quotidiennement, parfois en grande quantité. Il ne sait pas comment faire avec sa fille, il n’a jamais su, il l’aime c’est sûr mais il n’y arrive pas. Alors Billie, 12 ans, s’élève toute seule mais elle aime la vie, le collège et sa meilleure copine Lisa, les copains du terrain de basket et même Napoléon, le chien insupportable des voisins complotistes. Mais la vie avec son père n’est plus possible, Billie a besoin d’exister dans ses yeux. Pour le faire réagir, qu’il sorte de son mutisme relationnel, qu’il s’intéresse à elle, qu’il la regarde, elle s’enfuit de la maison après avoir préparer un modeste paquetage de camping. Comme Côme Laverse du Rondeau le personnage du Baron Perché le roman italien d’ Italo Calvino, Billie s’installe dans arbre d’un parc d’acrobranche désaffecté. Et elle attend que son père vienne la chercher. Mais ce n’est pas Léo qui l’appelle par son prénom depuis le pied de son arbre. C’est un vieux monsieur qui ressemble à Clint Eastwood et qui est très bien habillé. Après la peur et la surprise, viennent les questions. Qui est Robert ? Comment connait-il son prénom ? Pourquoi parle-t-il de sa mère au passé ? Billie est ébranlée, entre colère, curiosité et chagrin.

Quel joli roman ! La petite Billie est si attachante et Léo aussi. La narration est agréable, on lit en parallèle la fugue de Billie, les recherches de Léo pour la retrouver et surtout l’histoire de Robert. Il y a tout ce que j’aime dans ce roman de Delphine Bertholon, les relations entre les humains et leurs fêlures, les couchers de soleil, la littérature, la musique et surtout beaucoup d’amour ! Un coup de coeur ♥

#Labaronneperchée #NetGalleyFrance


La baronne perchée / Delphine Bertholon – Editions Buchet-Chastel – février 2025 – 250p

Lola lit L’heure bleue

Division II est une sculpture de feue l’artiste renommée Vanessa Chapman, peintre et céramiste : dans une boite en verre scellée, divers éléments dont un os et un fragment de céramique semblent léviter. C’est une œuvre étrange que la fondation Fairburn a confiée à la Tate Modern de Londres pour une exposition. Une œuvre au centre de l’enquête dans laquelle nous entraîne l’autrice, puisqu’un visiteur du musée londonien remarque que la sculpture renferme un os humain. James Becker croit évidemment à une plaisanterie ! Conservateur de la fondation et passionné par l’artiste et son travail, il s’oppose à ce que la boite en verre soit brisée à des fins de recherches. Il part à Eris chercher des informations auprès de Grace Haswell une amie de l’artiste qui a partagé ses dernières années. Il en profitera pour lui rappeler que la totalité du patrimoine artistique de Vanessa Chapman a été légué à la fondation Fairburn et que son directeur Sebastian souhaite récupérer très rapidement l’ensemble des documents, carnets, esquisses, croquis, écrits, correspondances… qui traînent encore à Eris.

Vanessa Chapman s’était retirée sur cette île pour travailler, elle avait acheté l’unique maison et y vivait au rythme des marées qui la coupaient du monde inlassablement, elle aimait la quiétude, la nature et bien sûr la lumière. Mais Becket va découvrir que le calme qui semble entourer l’artiste, l’île et Grace n’est qu’apparent. Grace est un personnage inquiétant qui dissimule une part d’ombre et bien des secrets.

Un thriller efficace, l’intrigue est bien menée, la tension narrative est progressive, l’autrice brouille les pistes. Comme Becker, on est loin d’imaginer sur quel chemin terrifiant nous sommes entraînés. J’ai souvent retenu ma respiration et tremblé pour l’attachant Becker tourmenté par sa vie personnelle et professionnelle. Les paysages et le fait que les marées empêchent toute circulation entre l’ile et le continent, ajoutent au suspens. Même si d’après moi, Paula Hawkins n’a toujours pas fait mieux que La fille du train, l’heure bleue est un très bon roman !

#LHeurebleue #NetGalleyFrance


L’heure bleue / Paula Hawkins – Editions Sonatine – octobre 2024 – 384p

Traducteurs Pierre Szczeciner et Corinne Daniellot

Lola lit Le jour où Bell a trouvé sa voix

Bell est une petite souris qui aime la musique, mais elle n’a malheureusement personne pour partager cette passion. Alors elle écoute les bruits de la maison ; grincements, cliquetis, sifflements, grattements, clapotis… et même le silence.

Un jour de soleil, elle ouvre grand sa fenêtre et écoute le brouhaha de la ville. Elle a envie de participer à cette mélodie, alors elle rassemble tout ce qui fait du bruit et file dans la rue. Elle essaie d’accompagner tous les bruits qu’elle entend mais sans succès, elle a tout faux ! Déçue, Bell quitte la ville et s’allonge dans un pré. La chanson de la ville au loin la berce, Belle ferme les yeux et soudain sa voix s’élève, elle chante bientôt rejointe par tous les musiciens qui l’accompagne.

Les couleurs ne sont pas vives, elles sont tendres, un peu monochromes dans les tons de beige, l’ensemble un peu flou atténue les détails mais c’est un album très intéressant car le vocabulaire employé est soutenu et poétique, on peut aller plus loin avec l’expression trouver sa voix/voie. Mais c’est surtout un joli travail sur les sons, les bruits et la musique ♥

#LejouroùBellatrouvésavoix #NetGalleyFrance


Le jour où Bell a trouvé sa voix / Lizzy O’Donnell – Editions Didier Jeunesse – septembre 2024 – 40p